GOYER, OLIVIER, prêtre, récollet, commissaire provincial des Récollets du Canada, né en France en 1663, décédé à Paris le 8 octobre 1721.

Olivier Goyer fait profession chez les Récollets de Paris en 1680. Six ans plus tard, il est lecteur de théologie. De 1695 à 1698, il est prédicateur chez les Récollets durant « les grands carêmes » tout en demeurant professeur.

En 1698, il passe au Canada, à titre de commissaire provincial, et réside à Québec. Confesseur du gouverneur Frontenac [Buade*], il l’assiste jusqu’à son décès survenu le 28 novembre 1698. Les funérailles ont lieu le 1er décembre suivant, mais c’est le 19 décembre que se déroule le service solennel présidé par Mgr de Saint-Vallier [La Croix] au couvent des Récollets. C’est à cette occasion que le père Olivier Goyer prononce l’oraison funèbre du grand disparu devant les plus hauts dignitaires ecclésiastiques et civils du pays.

Le 13 janvier 1699, Goyer signe un acte pour accepter un legs de 1 500# que Frontenac avait laissé aux Récollets, en vue de la célébration de messes pour le repos de son âme.

Le 26 octobre 1699, il certifie conforme une copie du premier procès-verbal des actes du frère Didace Pelletier*, récollet mort en odeur de sainteté. Le 8 septembre 1700, il arrive à Plaisance (Placentia) d’où il retire deux des trois récollets qui s’y trouvaient, le poste étant passé aux Récollets de Bretagne. Puis il se rend en France : arrivé à La Rochelle le 29 novembre 1700, il continue à enseigner la théologie dans son pays et à prêcher l’avent et le carême dans différents couvents de son ordre. Après 41 ans de vie religieuse, il meurt au couvent de Saint-Denis, à Paris, le 8 octobre 1721.

Le père Goyer semble avoir été un grand prédicateur ; son oraison funèbre de Frontenac lui valut l’admiration de ses contemporains, mais beaucoup de critiques de la part des historiens. Cela s’explique : âgé de 35 ans, supérieur des Récollets du Canada, nouvellement arrivé au pays, il dut improviser, en quelques jours, le portrait du célèbre gouverneur de la Nouvelle-France. L’oraison funèbre, genre oratoire immortalisé par Bossuet, était à l’honneur au xviie siècle ; les prédicateurs de la colonie en ont usé et parfois abusé. Qu’en fut-il du père Goyer ? Il suivit la mode de l’époque qui voulait que ces longs discours se prêtent surtout à un glorieux panégyrique du disparu. Rochemonteix dit de la pièce d’éloquence du père Goyer que c’est « d’un bout à l’autre le panégyrique de M. de Frontenac, qui n’a que des vertus et des qualités, et les plus belles ». Pourtant ce jésuite exagère lui-même, car Goyer critique dans son oraison la conduite de Frontenac au sujet de l’eau-de-vie ; il le fait en des termes habiles, mais non moins réprobateurs. En somme, le père Goyer, tout en louangeant la vie du gouverneur dans ses beaux aspects, ne sacrifie rien de la vérité. Par ailleurs, le récollet était bien informé, comme le prouvent tous les détails de la biographie de Frontenac. Il signale, entre autres faits, la mort du fils de Frontenac, François-Louis, tué, d’après lui, à la tête du régiment qu’il commandait au service de l’évêque de Münster, allié de la France. La plupart des auteurs acceptent sa version.

Pierre-Georges Roy, qui, le premier, a publié en français cette oraison funèbre, fait suivre le texte de « Remarques » qui semblent être de l’abbé de Glandelet, et non pas, comme l’affirme Jacques Viger*, de l’abbé Bertrand de La Tour*. Ces commentaires fournissent la contrepartie de certaines affirmations du père Goyer. À ce point de vue, ils sont intéressants, mais mériteraient à leur tour vérification. Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître que l’oraison funèbre du père Goyer est fort bien charpentée et dénote, chez son auteur, un grand sens du style classique et des dons incontestables d’orateur.

Gabriel-M.-Réal Dumas

Le texte de l’oraison funèbre se trouve à la BN, mss, Fr. 13 516, ff.163–195 ; Pierre-Georges Roy a publié ce texte dans le BRH, I (1895) : 66–76, 82–89, suivi des « Remarques sur l’oraison funèbre de feu Mr de Frontenac prononcée en l’église des Récollets de Québec, le 19 décembre 1698, par le P. Olivier Goyer, commissaire des Récollets » dans le BRH, I (1895) : 95–108.— Archives des Franciscains de Québec, Dossier Olivier Goyer.— AN, L, 941.— Gosselin, L’Eglise du Canada, I : 30ss.— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIe siècle, III : 96.— P.-G. Roy, La ville de Québec, II : 428, 544 ; Le fils de Frontenac, BRH, III (1897) : 140.

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Gabriel-M.-Réal Dumas, « GOYER, OLIVIER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/goyer_olivier_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    20 nov. 2024