Titre original :  Photo of Hedley Goodyear – From: The Varsity Magazine Supplement Fourth Edition 1918 published by The Students Administrative Council, University of Toronto.

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GOODYEAR, HEDLEY JOHN, enseignant et officier, né le 18 août 1886 à Ladle Cove, Terre-Neuve, fils de Josiah Goodyear, charpentier et pêcheur, et de Louisa Wellon ; décédé célibataire le 22 août 1918 près de Rosières-en-Santerre, France.

Troisième d’une famille de sept enfants, Hedley John Goodyear naquit à Ladle Cove et fréquenta l’école publique dans ce petit port de pêche. En 1908, quand sa famille s’installa dans la nouvelle localité papetière de Grand Falls, il était au Methodist College de St John’s. Ce déménagement eut lieu en grande partie parce que Louisa Goodyear souhaitait que ses enfants ne passent pas toute leur vie dans un port isolé. Hedley John, qui enseigna à Moreton’s Harbour pendant une courte période, semblait destiné à réaliser le rêve de sa mère.

Ce grand jeune homme aux cheveux clairs, passionné par l’étude, entra à la Victoria University de Toronto en 1909 et reçut une licence ès arts quatre ans après. Il étudia à la faculté d’éducation en 1914–1915, décrocha une maîtrise ès arts en 1915 et enseigna un moment à la Regal Road Public School à Toronto. Mais la Première Guerre mondiale avait déjà éclaté.

Bien que de nationalité terre-neuvienne, Goodyear avait passé un an dans le Canadian Officers’ Training Corps à la University of Toronto. Il s’enrôla avec des Canadiens dans le 201st Infantry Battalion à Toronto le 28 mars 1916 et fut immédiatement promu lieutenant. Muté au 208th Infantry Battalion en février 1917, il s’embarqua pour la Grande-Bretagne en mai. Il rejoignit le 8th Reserve Battalion en janvier 1918, puis, en France, le 102nd Infantry Battalion. En février, on lui décerna la Croix militaire pour « déploiement de bravoure et de zèle » : à la tête de son peloton, il avait attaqué un boisé solidement défendu par des mitrailleuses et, après que d’autres officiers furent tombés, il avait réorganisé leurs pelotons et lancé un assaut victorieux. Goodyear survécut à la bataille d’Amiens au début d’août, mais deux semaines plus tard, il se porta volontaire pour diriger une équipe de reconnaissance qui retourna dans les tranchées conquises au cours de ce combat et fut tué par une balle de franc-tireur. Il était âgé de 32 ans et fiancé à Betsy Turnbull de Hawick, en Écosse.

On raconte dans la famille Goodyear que Hedley John avait fait la connaissance du célèbre poète Edwin John Pratt* à Terre-Neuve avant de partir pour Toronto – Pratt avait enseigné lui aussi à Moreton’s Harbour –, mais les liens d’amitié entre les deux Terre-Neuviens se resserrèrent à la Victoria University, où Pratt étudia à compter de 1908. Goodyear était un étudiant populaire : il était en vue à la Union Literary Society et excellait dans les débats. En octobre 1911, dans la revue littéraire de l’université, Acta Victoriana, il raconta dans un style alerte comment, l’été précédent, à Terre-Neuve, il avait abattu une baleine de 100 tonnes.

C’est Pratt qui publia dans Acta Victoriana, sous le titre « The last home letter of Hedley Goodyear », la lettre poignante que Goodyear avait adressée à sa mère le 7 août 1918, la veille de la bataille d’Amiens. À Terre-Neuve, cette lettre fut souvent lue à l’occasion des cérémonies du jour de l’Armistice et du jour du Souvenir (1er juillet), et l’on finit par croire que Goodyear avait été tué le lendemain du jour où il l’avait écrite. Or, il vécut assez longtemps pour écrire à sa famille une autre lettre, moins connue, le 17 août. Contrairement au sombre adieu du 7, elle exprimait l’optimisme que les forces alliées commençaient à ressentir parce que la fin de la guerre semblait proche. « Ne vous inquiétez pas pour moi, concluait Goodyear. Je suis à l’épreuve des Boches. » Six jours plus tard, l’aumônier du 102nd Battalion l’inhuma dans un cimetière britannique près de Le Quesnel. Dans une lettre à son père, son colonel, Frederick Lister, écrivit : « C’était un officier dont tout commandant de bataillon aurait été fier. »

La brève existence de Goodyear et sa mort tragique rappellent le sort des innombrables jeunes gens dont l’avenir prometteur fut brisé par la guerre. Que serait devenu cet homme s’il avait vécu ? On ne peut que l’imaginer. Sans doute aurait-il exercé de l’influence, du moins dans son île natale. Dans son mémoire de maîtrise, « Newfoundland and its political and commercial relation to Canada », il affirmait que l’avenir de Terre-Neuve résidait dans la Confédération. Bien qu’il se soit toujours défini comme Terre-Neuvien, il était très critique envers la colonie : il qualifiait de « plaie suppurante » son système confessionnel d’éducation, dénonçait sa pauvreté, son économie stagnante et ses faibles normes d’hygiène, et déplorait son irrésolution politique et son nationalisme artificiel. Cependant, son point de vue était trop controversé à l’époque pour qu’un seul commerçant de St John’s vende l’opuscule qu’il publia à partir de son mémoire.

Selon sa sœur Kate (Daisy), qui lui était très attachée, Hedley John Goodyear aurait pu devenir homme d’État, éducateur, écrivain ou exercer avec distinction ces trois fonctions. Les circonstances ont voulu qu’il soit plutôt un symbole de l’effroyable gâchis de la guerre, avec ses deux frères tués eux aussi pendant le premier conflit mondial. Près de 30 ans après sa disparition, une de ses nièces s’inscrivit à la University of Toronto. Un professeur (Ernest Leroy Daniher), après avoir noté qu’elle était une Goodyear de Terre-Neuve, lui demanda si elle était apparentée à Hedley. Elle répondit que c’était son oncle, mais qu’il avait été tué pendant la guerre. « Je sais, répondit le professeur. Nous étions de la même promotion. Jamais je n’ai connu un meilleur homme. »

David Macfarlane

L’article de Hedley John Goodyear sur la pêche à la baleine intitulé « Landing a hundred-tonner », a paru dans Acta Victoriana (Toronto), 35 (1911–1912) : 1–3, et « The last home letter of Hedley Goodyear », a été publié à titre posthume dans la même revue, 43 (1918–1919) : 60s. Le mémoire de m.a. de Goodyear a paru sous forme d’opuscule sous le titre Newfoundland and its political and commercial relation to Canada (Toronto, [1915]).

AN, RG 150, Acc. 1992–93/166, dossier 228239.— Acta Victoriana, « War supplement » (1919) : 13.— David Macfarlane, The Danger Tree : memory, war, and the search for a family’s past (Toronto, 1991).— Univ. of Toronto, University of Toronto roll of service, 1914–1918 (Toronto, 1921).

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David Macfarlane, « GOODYEAR, HEDLEY JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/goodyear_hedley_john_14F.html.

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Auteur de l'article:    David Macfarlane
Titre de l'article:    GOODYEAR, HEDLEY JOHN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    20 nov. 2024