FENOUILLET, ÉMILE DE (il reçut à sa naissance le nom d’Hypolite-Joseph Mille), journaliste et professeur, né le 9 mars 1807 à Hyères, France, fils d’Hypolite Mille, maçon, et de Claire-Sophie Bonnet ; décédé le 25 juin 1859 à Québec.
Hypolite-Joseph Mille fit ses études de droit en France et présenta sa thèse le 8 août 1828. Il vécut ensuite à Montpellier et à Paris. Il semble que la chute de Louis-Philippe et la révolution de 1848 aient causé sa ruine. En septembre 1851, Mille habitait à Cologne (République fédérale d’Allemagne), puis il se fixa à Bonn la même année. De là, il envoya à Paris au quotidien ultramontain l’Univers, dirigé par Louis Veuillot, une série d’articles sur l’art et sur des questions religieuses, qu’il signa E. de Fenouillet.
En 1854, Fenouillet s’embarqua pour le Bas-Canada et arriva à Québec à la fin d’octobre. Dès son arrivée, le propriétaire du Journal de Québec, Joseph-Édouard Cauchon*, l’engagea comme rédacteur. L’année suivante, Fenouillet devint rédacteur en chef, remplaçant Cauchon qui venait d’être nommé commissaire des Terres de la couronne pour le Bas-Canada. Il s’occupa du feuilleton littéraire et écrivit de nombreux articles qui portaient principalement sur l’art, la littérature et la religion. En janvier 1856, il fut la cible d’un journaliste du Pays, de Montréal, qui prétendait que « cet homme si profondément religieux et moral ne se faisait pas faute de passer ses dimanches sur la plate-forme ou même dans une taverne où il se recueill[ait] sans doute pour fabriquer ses leçons de morale religieuse à l’usage des autres ». L’accusé rétorqua qu’il s’agissait « d’une misérable invention [...] un véritable libelle de mensonge et de diffamation ». Mais, affecté par cette polémique, Fenouillet quitta le Journal de Québec peu de temps après.
En mai 1857, grâce à la protection du surintendant du bureau d’Éducation, Pierre-Joseph-Olivier Chauveau*, Fenouillet fut nommé professeur de grammaire française, de littérature, d’histoire et de philosophie intellectuelle et morale à l’école normale Laval, récemment fondée à Québec. Professeur compétent, talentueux, zélé et dévoué, il fit l’admiration de ses élèves, auxquels il inspira respect, estime et attachement.
Cette année-là, Fenouillet collabora au Journal de l’Instruction publique que Chauveau venait de lancer. Il rédigea des articles sur différents sujets, notamment sur deux tableaux représentant le Christ, l’un appartenant à la chapelle du séminaire de Québec, l’autre à la cathédrale Notre-Dame de Québec, sur le type traditionnel du Christ dans les beaux-arts, sur l’auteur probable de l’Imitation de Jésus-Christ, sur l’université de Bonn et sur l’historien suisse Johannes von Müller. Il prononça en outre plusieurs conférences à l’Institut canadien de Québec, notamment sur Blaise Pascal et les Provinciales, sur le Port-Royal de Charles-Augustin Sainte-Beuve, sur la marquise de Sévigné et sur Hugues-Félicité-Robert de La Mennais.
Au début de l’année scolaire 1858–1859, Émile de Fenouillet, gravement malade, demanda un assistant, et Napoléon Lacasse fut nommé pour le seconder dans ses tâches professorales. Fenouillet avait grand peine à enseigner, si bien qu’en 1859 il ne dispensa qu’un seul cours. Il mourut le 25 juin de cette année-là, laissant deux filles et un fils. Cauchon, François Évanturel*, ainsi que Jacques* et Octave* Crémazie assistèrent à l’inhumation de la dépouille au cimetière Saint-Charles. Le Journal de l’Instruction publique annonça la mort de l’un « des plus habiles collaborateurs » du journal, de ce « bon et courageux professeur ». De même, le Journal de Québec accorda un entrefilet à cet « homme instruit, honorable et bon ». De son côté, Octave Crémazie rendit un vibrant hommage au professeur disparu dans un long poème intitulé À la mémoire de M. de Fenouillet.
AD, Var (Draguignan), État civil, Hyères, 10 mars 1807.— ANQ-Q, CE1-22, 28 juin 1859.— Journal de l’Instruction publique (Québec et Montréal), 1 (1857)–3 (1859).— Le Journal de Québec, 1856.— Le National (Montréal), 18 janv. 1856.— La Patrie, 22 févr. 1856.— Le Pays, 22 janv. 1856.— Beaulieu et Hamelin, la Presse québécoise, 1 : 123.— Octave Crémazie, Œuvres, Odette Condemine, édit. (2 vol., Ottawa, 1972) ; Œuvres complètes de Octave Crémazie publiées sous le patronage de l’Institut canadien de Québec, H.-R. Casgrain et H.-J.-J.-B. Chouinard, édit. (Montréal, [1882]).— Labarrère-Paulé, les Instituteurs laïques.— Les Noces d’or de l’école normale Laval, 1857–1907 (Québec, 1908).— P.-G. Roy, À propos de Crémazie (Québec, 1945), 214–215.— C.-J. Magnan, « Éducateurs d’autrefois : anciens professeurs de l’école normale Laval », BRH, 47 (1941) : 357–362.
Céline Cyr, « FENOUILLET, ÉMILE DE (Hypolite-Joseph Mille) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fenouillet_emile_de_8F.html.
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Auteur de l'article: | Céline Cyr |
Titre de l'article: | FENOUILLET, ÉMILE DE (Hypolite-Joseph Mille) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 2 oct. 2024 |