Titre original :  Solomon Eby (1834-1931). From Global Anabaptist Mennonite Encyclopedia Online (GAMEO).

Provenance : Lien

EBY, SOLOMON, fermier et ancien de la communauté mennonite, né le 15 mai 1834 dans le canton de Woolwich, Haut-Canada, aîné des 14 enfants de Martin Eby et de Catharine Weber ; le 17 juin 1855, il épousa dans le comté de Bruce, Haut-Canada, Catharine (Catirine) Shantz (1836–1917), et ils eurent neuf filles et trois garçons, parmi lesquels au moins six filles et un fils moururent avant lui ; décédé le 7 février 1931 à Kitchener, Ontario, et inhumé dans la même ville au First Mennonite Cemetery.

Solomon Eby grandit dans la ferme familiale, dans le comté de Waterloo, et fréquenta l’école publique locale. En 1853, il devint membre de l’Église mennonite [V. Benjamin Eby*] ; il avait alors l’âge habituel pour recevoir le baptême dans cette religion. L’année suivante, Solomon et sa famille s’installèrent dans la région de Port Elgin, dans le comté de Bruce, avec d’autres mennonites à la recherche de terres agricoles moins chères que celles disponibles dans le comté de Waterloo. En 1855, il épousa Catharine Shantz ; le couple pratiquerait l’agriculture dans le canton de Saugeen au moins jusqu’au début des années 1880.

En 1858, la communauté mennonite de Port Elgin était devenue suffisamment importante pour justifier la création d’une congrégation. Par conséquent, le 8 août, l’évêque Joseph Hagey, du comté de Waterloo, ordonna Solomon et son père, Martin, respectivement ministre et diacre. Solomon, âgé de 24 ans seulement, prit son rôle au sérieux et célébra des services religieux chaque dimanche, même si la coutume voulait que ceux-ci aient lieu aux deux semaines. La congrégation construisit un temple vers 1861. À ce moment-là, n’ayant encore jamais vécu la conversion émotionnelle typique des confessions comme le méthodisme, Eby doutait déjà de la pertinence de sa vocation spirituelle. Il songea à quitter son poste de ministre, mais se laissa convaincre de continuer.

À la fin de 1869, l’Evangelische Gemeinschaft (Association évangélique), fondée par le prédicateur méthodiste Jacob Albright en Pennsylvanie, organisa à Port Elgin de très longues réunions, appelées assemblées évangélistes. Certains fidèles d’Eby connurent des expériences de conversions émotionnelles ; lui-même éprouva bientôt la même chose. Il commença à tenir des soirées de prières hebdomadaires. Celles-ci causèrent la controverse, car des personnes non ordonnées, dont des femmes, y témoignaient et y menaient souvent des débats théologiques qui pouvaient devenir très émotifs. Des dirigeants de l’Église du comté de Waterloo enquêtèrent sur les activités d’Eby et les jugèrent tout d’abord acceptables ; l’évêque Hagey baptisa de nouveaux convertis. Cependant, des réunions de prières du soir similaires, dans le comté de Waterloo, exacerbèrent la polémique. Les trois évêques du comté commencèrent ainsi à refuser le baptême aux convertis influencés par ces rencontres, à moins qu’ils s’engagent à ne plus y participer. Irrité par les évêques du comté de Waterloo, Eby se mit à célébrer des baptêmes et des communions de son propre chef. Violant les politiques traditionnelles, il autorisa aussi des non-mennonites à participer à la communion. Au début de 1874, à la suite d’une réunion acrimonieuse des dirigeants ordonnés, Eby et ses fidèles pratiquèrent un service de communion distinct, signe d’une inévitable scission. Avec quelques autres meneurs, il forma alors sa propre organisation. La division se produisit rapidement : la fondation de la congrégation des Reforming/Reformed Mennonites eut lieu le 15 mai 1874. L’année suivante, celle-ci fusionna avec le groupe New Mennonite, créé en Ontario environ 25 ans auparavant. L’assemblée qui en résulta, appelée les United Mennonites, s’unit en 1879 avec les Evangelical Mennonites de Pennsylvanie pour devenir les Evangelical United Mennonites. En 1883, elle intégra une association de Brethren in Christ de l’Ohio et adopta le nouveau nom de Mennonite Brethren in Christ (MBC), qu’elle conserverait pendant 60 ans. À sa fondation, l’Église comptait trois conférences régionales (Ontario, Pennsylvania et Indiana-Ohio-Michigan) et 1 647 membres en tout.

Eby présida l’assemblée des anciens (poste comparable à celui d’évêque) du groupe ontarien, de sa création en 1874 jusqu’en 1886. Il travailla sans relâche, visitant les petites congrégations du sud-ouest et du centre de la province, et ordonnant des pasteurs. Il noua également le dialogue avec des leaders confessionnels aux États-Unis, particulièrement pendant les réunions quadriennales de la General Conference des délégués des conseils régionaux ; de plus, il collabora étroitement avec Daniel Brenneman, fondateur et dirigeant des MBC en Indiana. En 1891, l’Ontario Conference des MBC créa un deuxième poste de président des anciens ; Eby occupa l’un d’eux jusqu’en 1895, puis de 1901 à 1903. Il servit également à titre de pasteur dans des congrégations à Breslau (1886–1889), Elmwood (1890–1894 ?), Bethel (1895–1899), Markham (1899–1901) et Berlin (Kitchener) (1903–1905).

Malgré sa retraite du service actif en 1906, Eby continua d’exercer une influence au sein de l’Église qu’il avait contribué à façonner. En 1908, l’Ontario Conference connut une division, cette fois au sujet de deux éléments distinctifs du nouveau mouvement pentecôtiste : la doctrine du baptême du Saint-Esprit et la glossolalie. (Henry Schlichter Hallman, importante figure des MBC, perdit son poste de rédacteur en chef de l’organe de la confession, le Gospel Banner, à la suite de son refus de cesser de publier des articles sur le don des langues.) Les dirigeants pentecôtistes influencèrent beaucoup de pasteurs de l’Ontario Conference, dont Eby, qui fit personnellement l’expérience du baptême du Saint-Esprit en janvier 1912. Il assista pour la dernière fois au congrès annuel des MBC en septembre 1913. Il reçut toutefois le soutien financier de l’Église jusqu’en 1915, année où l’Ontario Conference consigna la requête formelle suivante : Solomon et son cousin Amos Eby partageant une idéologie doctrinale qui n’était « pas en harmonie avec l’Église des M.B.C. », on leur demanda de « ne faire aucun usage desdites idéologies qui pourrait entrer en conflit avec l’Église des M.B.C. » En juillet 1916, Eby, âgé de 82 ans, avait quitté l’Église dont il était un cofondateur et avait rejoint la Kitchener Pentecostal Assembly. La même année, il perdit son statut de ministre des MBC à la retraite. Il mourut de myocardite en 1931 ; il avait 96 ans.

Solomon Eby possédait un esprit évangélique œcuménique à une époque où la majorité des mennonites de l’Ontario pratiquaient les traditions de leur foi, à savoir la séparation du monde extérieur et la soumission au jugement de la communauté de l’Église locale. Sa croyance dans les expériences de conversion émotionnelle – qui mettaient l’accent sur la relation intime d’une personne avec Dieu plutôt que sur l’obéissance à l’Église – et ses encouragements à en faire l’expérience provoquèrent une division au sein de son groupe religieux et menèrent à une nouvelle fondation, surtout connue sous le nom de Mennonite Brethren in Christ. Eby puisa la majeure partie de sa théologie dans l’Evangelische Gemeinschaft, tout en retenant des principes mennonites fondamentaux, comme le pacifisme et la simplicité du mode de vie. Son adoption ultérieure du pentecôtisme ne diminua en rien son rôle dans la création d’une confession qui combinait les préceptes mennonites et méthodistes.

Samuel J. Steiner

BAC, R233-34-0, Ontario, dist. Bruce North (28), sous-dist. Saugeen (B), div. 1 : 52 ; R233-35-2, Ontario, dist. Bruce North (177), sous-dist. Saugeen (C), div. 2 : 14 ; R233-36-4, Ontario, dist. Grey South (69), sous-dist. Bentinck (B), div. 3 : 64–65.— T. H. Brenneman, « The late Elder Solomon Eby », Gospel Banner (Elkhart, Ind.), 2 avril 1931 : 14.— Gospel Banner (Berlin [Kitchener, Ontario], etc.), 1916–1931.— L. J. Burkholder, A brief history of the Mennonites in Ontario […] ([Toronto], 1935).— Conference journal of the Ontario Conference of the Mennonite Brethren in Christ ([Ontario]), 1915 : 10.— E. E. Eby, A biographical history of Waterloo Township and other townships of the county […] (2 vol., Berlin, 1895–1896).— « Global Anabaptist Mennonite encyclopedia online » : gameo.org (consulté le 24 janv. 2018).— History of the Mennonite Brethren in Christ Church, J. A. Huffman, édit. (New Carlisle, Ohio, 1920).— S. J. Steiner, In search of promised lands : a religious history of Mennonites in Ontario (Harrisonburg, Va, et Kitchener, 2015).— E. R. Storms, History of the United Missionary Church (Elkhart, 1958).— Waterloo Region Generations, « Rev. Solomon Eby » : generations.regionofwaterloo.ca/getperson.php ?personID=I21857&tree=generations (consulté le 24 janv. 2018).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Samuel J. Steiner, « EBY, SOLOMON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 janv. 2025, https://www.biographi.ca/fr/bio/eby_solomon_16F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: https://www.biographi.ca/fr/bio/eby_solomon_16F.html
Auteur de l'article:    Samuel J. Steiner
Titre de l'article:    EBY, SOLOMON
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2025
Année de la révision:    2025
Date de consultation:    9 janv. 2025