DAVENPORT, JOHN METCALF, ministre de l’Église d’Angleterre et auteur, né le 6 octobre 1842 à Londres, fils aîné de John Thistlewood Davenport ; décédé célibataire le 10 mars 1913 à Parkstone (Poole, Angleterre).

John Metcalf Davenport était commis pour son père, pharmacien important, lorsque la lecture des tractariens éveilla en lui la vocation sacerdotale. À l’âge de 24 ans, il entra à l’Exeter College d’Oxford, où il obtint son diplôme en 1871, l’année même où il devint diacre. Ordonné prêtre en 1872, il fut vicaire d’abord à Wolverhampton, puis dans la paroisse d’un oncle à Londres. En outre, il adhéra à un ordre voué au travail missionnaire, la Society of St John the Evangelist, dont il resterait membre toute sa vie. Ce fut Richard Meux Benson, le fondateur de cet ordre, qui recommanda Davenport à l’évêque de Fredericton, John Medley*, lorsqu’il apprit que celui-ci cherchait un ministre pour une nouvelle congrégation anglo-catholique au Nouveau-Brunswick. En 1881, Davenport fit un petit voyage de reconnaissance dans la province. Il s’y installa en 1882, à temps pour célébrer les cérémonies d’inauguration de la chapelle Mission à Portland (Saint-Jean).

Dans une collectivité anglicane aussi résolument évangélique que Saint-Jean l’était au xixe siècle [V. John William Dering Gray*], où le moindre changement aux vêtements sacerdotaux ou à l’ornementation d’une église risquait de déclencher des accusations de papisme, il était prévisible que la naissance d’une assemblée de fidèles vouée ouvertement au ritualisme « avancé » suscite des inquiétudes. Le fait que la bienfaitrice de cette congrégation, Sarah Elizabeth Hazen, et ses principaux initiateurs – Isaac Allen Jack*, Henry William Frith et George Arthur Schofield – appartenaient à St Paul (Valley), la paroisse de la ville où les offices étaient le plus raffinés, ajoutait un élément de trahison personnelle à l’affaire. Cependant, ce fut une question connexe, à savoir le statut de la chapelle Mission en vertu du droit canon, qui finit par provoquer les plus vifs débats. Érigée dans les limites de St Paul (à 600 verges seulement de l’église) malgré l’opposition du rector de cette paroisse, la chapelle était illégale. Le laxisme de Medley face à cette situation déclencha l’épisode le plus controversé de son long épiscopat. Le statut de la chapelle ne serait régularisé qu’en 1890, par une loi spéciale du Parlement provincial constituant en société les marguilliers de la Mission Church of St John Baptist.

L’amertume suscitée par la fondation de la chapelle Mission s’était manifestée surtout avant l’arrivée de Davenport. Avec le temps, grâce à son attitude circonspecte, ses fidèles furent bien acceptés dans la ville et le diocèse. Bien que l’on ignore dans quelle mesure il réussissait à attirer les ouvriers pauvres à ses offices quotidiens et hebdomadaires, la chapelle était très fréquentée durant les années où il la desservit. Ce bel homme accordait beaucoup d’attention au rituel. La musique de Thomas Morley, le plus grand organiste de Saint-Jean de 1887 à 1891, et les chants d’une chorale de garçons et d’hommes en surplis embellissaient ses cérémonies. Sa fortune personnelle lui permit de faire venir des chantres d’Angleterre, d’ouvrir la Davenport School, qui entendait former des « gentlemen chrétiens cultivés », et de recruter deux religieuses de la Community of the Holy Name. Tout comme Medley s’était fait accepter plus facilement à Fredericton en participant à la chorale de la communauté, Davenport se distingua dans la Saint John Oratorio Society par sa « belle » voix.

Davenport ne penchait pas vers le catholicisme uniquement en matière de cérémonial. Membre de la Confraternity of the Blessed Sacrament, il jeûnait avant la communion, adorait l’hostie consacrée et, du moins par la suite à Toronto, pratiqua la sainte Réserve. Ses opinions sur la prière pour les défunts peuvent être inférées du fait que le directeur de la Davenport School les approuvait dans ses sermons. Ces idées et pratiques rebutaient la plupart des anglicans, et Davenport dut nier publiquement, en 1885, avoir l’intention de « passer à Rome ». Pourtant, les deux plus grandes controverses de son ministère l’opposèrent à des catholiques, et non à des anglicans évangéliques, ce qui montre qu’il était fin stratège et se sentait assuré dans sa position d’anglo-catholique. En 1885, il ouvrit un débat journalistique avec un prêtre catholique au sujet de l’infaillibilité du pape. De 1887 à 1889, toujours dans la presse, une polémique de haute tenue sur « la profonde corruption dans laquelle le culte de la Sainte Vierge [était] tombé dans l’Église romaine » l’opposa à un avocat de Saint-Jean, Richard Francis Quigley. Dans les deux cas, et dans les livres qui suivirent, Davenport mit de l’avant un argument tractarien qui avait résisté à l’épreuve du temps, à savoir que ces caractéristiques de l’Église de Rome étaient « tout à fait inconnues » de l’Église primitive.

John Metcalf Davenport se fit bien connaître au sein de l’aile catholique de l’Église protestante épiscopale des États-Unis en allant souvent prêcher dans d’autres assemblées de fidèles. À la fin de son mandat à l’église Mission, en 1891, il fut appelé à exercer la fonction de rector à St Clement, à Philadelphie. Cette congrégation venait à peine de rompre avec la Society of St John the Evangelist dans des circonstances plutôt difficiles. On pensait peut-être que la nomination d’un homme associé à l’ordre, tel Davenport, faciliterait la transition. Ce dernier resta seulement deux ans à St Clement et retourna en 1893 à Saint-Jean, où il demeura jusqu’à sa nomination à la cure de St Thomas, à Toronto, en 1900. À cause de son souci du détail et de l’ornementation, son séjour de quatre ans dans cette ambitieuse paroisse ritualiste plutôt sur le déclin fut un succès notable. Sa santé l’obligea à abandonner ses fonctions paroissiales et à se consacrer à d’autres tâches pendant ses dernières années à Toronto. En 1909, il rentra en Angleterre, où il fut curé de St Clement à Bournemouth jusqu’en 1912.

D. G. Bell

On trouve une collection de documents restreinte mais précieuse sur la Mission Church parmi les archives du diocèse anglican de Fredericton aux APNB (MC 223, S5-E) ; toutefois, la plupart des documents importants sont reproduits ou résumés dans History of the Mission Church of S. John Baptist, Saint John, N.B., 1882–1932 (Saint-Jean, N.-B., 1932).

Les publications de John Metcalf Davenport comprennent Christians sealed by God for sacrifice : a sermon, preached at the anniversary service of the Diocesan Church Society in Fredericton cathedral, on Thursday, July 4th, 1889 (Saint-Jean, 1889) ; A clerical firebrand ([Saint-Jean, 1894] ; exemplaire conservé au Musée du N.-B., Tilley family papers, F 147-7) ; Messiah (God incarnate) not Messiah’s mother the « bruiser of the serpents head » [...] with a concise exposure of Mr. R. F. Quigley’s errors and controversial tactics [...] (Saint-Jean, 1891) ; et Papal infallibility : « Catholic’s » replies to « Cleophas », refuting the Vatican dogma [...] (Saint-Jean, 1885).

Musée du N.-B., W. F. Ganong coll., Carman papers, F 209-8 (J. M. Carman à William Carman, 8 déc. 1881) ; I. A. Jack scrapbook (C36) ; Jarvis family papers, box 27, W. M. Jarvis, memoir of his wife, 17 févr. 1866 ; Tilley family papers.— Daily Telegraph (Saint-Jean), 25 janv. 1882, publié par la suite sous le titre Daily Telegraph and the Sun, 14 mars 1913.— Progress (Saint-Jean), 11 juill., 14 nov. 1891, 17 juin 1893, 14 nov. 1894.— Saint John Globe, 5 déc. 1881, 27, 30 janv. 1882, 4 févr. 1884, 16 mai 1885, 15 nov. 1887, 13 mars 1913.— Times (Londres), 12 mars 1913.— Alumni oxonienses ; the members of the University of Oxford, 1715–1886 [...], Joseph Foster, compil. (4 vol., Oxford et Londres, 1888).— Crockford’s clerical directory [...] (Londres), 1913.— G. E. DeMille, The Catholic movement in the American Episcopal Church (Philadelphie, 1941).— W. C. Gaynor, Papal infallibility : letters of « Cleophas » in defence of the Vatican dogma (Saint-Jean, 1885).— Household of God : a parish history of St. Thomas’s Church, Toronto, D. A. Kent et al., édit. (Toronto, 1993).— [W. M. Jarvis ?], The parish of Saint Paul and the Mission Chapel (Saint-Jean, [1882 ?]).— W. Q. Ketchum, The life and work of the Most Reverend John Medley, d.d., first bishop of Fredericton and metropolitan of Canada (Saint-Jean, 1893).— M. Lilly, Story of St. Clement’s Church, Philadelphia (Philadelphie, 1964).— T. R. Millman et A. R. Kelley, Atlantic Canada to 1900 ; a history of the Anglican Church (Toronto, 1983).— Mission Chapel ([Saint-Jean, 1881].— The Mission Chapel : a reply ([Saint-Jean, 1882]).— R. F. Quigley, Ipse, ipsa : ipse, ipsa, ipsum : which ? [...] (New York et Cincinnati, 1890).

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D. G. Bell, « DAVENPORT, JOHN METCALF », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/davenport_john_metcalf_14F.html.

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Auteur de l'article:    D. G. Bell
Titre de l'article:    DAVENPORT, JOHN METCALF
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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