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COLLINS, JAMES PATRICK, médecin, né vers 1824 dans le comté de Cork (république d’Irlande), aîné de quatre enfants et seul fils de Patrick Collins et d’Isabella Hughes ; le 24 octobre 1846, il épousa à Portland (Saint-Jean, Nouveau-Brunswick) Mary Quin, et ils eurent une fille ; décédé le 2 juillet 1847 à l’île Partridge, Nouveau-Brunswick.
James Patrick Collins immigra à Saint-Jean en 1837 avec sa famille. Jeune homme, il fit un apprentissage auprès du docteur George R. Peters, éminent médecin de Saint-Jean, alors directeur de l’asile d’aliénés. Peters stimula son intérêt pour la médecine et l’aida même dans ses études médicales, entreprises à Paris vers 1844 puis terminées à Londres. Collins revint à Saint-Jean en 1846 et, au mois d’août de la même année, commença à exercer sa profession chez ses parents, rue Mill, à York Point.
À peine quelques mois plus tard, soit en mai 1847, une épidémie de typhus se déclara en Amérique du Nord. La maladie avait été transmise par des immigrants qui avaient fui l’Irlande à cause de la disette de pommes de terre. Le fléau n’épargna pas Saint-Jean : dès le début de juin, les baraques sanitaires de mise en quarantaine installées sur l’île Partridge, près de la ville, étaient bondées de fiévreux et l’on dirigeait les nouveaux malades vers des tentes militaires. À cette date, près de 2 500 immigrants se trouvaient en quarantaine et bon nombre d’entre eux attendaient encore de pouvoir débarquer de leur navire. L’officier de santé responsable, le docteur George Johnstone Harding, ne suffisait plus à la tâche et réclamait de l’aide. Au risque de contracter la maladie, son frère, le docteur William Stenning Harding, ainsi que Collins s’engagèrent à titre de médecins auxiliaires à la station de quarantaine, au salaire de £50 par mois.
Si Collins choisit de se rendre à l’île Partridge, c’était surtout pour répondre aux exhortations de Lewis Burns, qui avait été quelque temps député de Saint-Jean. Burns le persuada qu’un stage comme auxiliaire auprès de l’officier de santé rehausserait sa réputation professionnelle et favoriserait sa carrière médicale encore à ses débuts. Il est tout probable que ses beaux-frères, James et Edmond Quin, tous deux prêtres engagés dans le secours des immigrants, l’aient aussi encouragé en ce sens. Affligé par « les souffrances de ses compatriotes », Collins accepta de relever le défi malgré les protestations de sa famille qui craignait, avec raison, pour son bien-être. Collins joua un rôle important dans la lutte contre la maladie, mais il fallut à peine un mois pour qu’il en devienne la victime. Vers le 26 juin, les deux médecins auxiliaires avaient attrapé le typhus et, une semaine plus tard, le 2 juillet, le jeune Collins mourait. À la demande instante de ses amis, le conseil municipal de Saint-Jean permit exceptionnellement qu’on ramène son corps de l’île Partridge au cimetière catholique d’Indiantown. En raison du risque de contagion, on plaça, sous la surveillance de l’officier de santé, le corps dans un cercueil scellé en plomb. Le cortège funèbre du 4 juillet, fort impressionnant, démontra à quel point la communauté tenait Collins en haute estime. On y comptait près de 4 000 personnes, un phénomène jamais vu à Saint-Jean, affirma-t-on par la suite. Quelques années plus tard, on transféra la dépouille mortelle de Collins au cimetière St Peter, près du fort Howe, et, en 1949, on la plaça dans une fosse commune, au cimetière St Joseph.
Il semble que ni les revenus de Collins pendant sa brève carrière médicale ni le capital qu’avait accumulé son père, épicier, n’aient suffi pour assurer la subsistance de sa veuve et de son enfant posthume. En 1847, le Parlement du Nouveau-Brunswick lui rendit justice pour son travail à la station de quarantaine en accordant un montant de £50 à sa succession. Puis, de 1848 à 1855, il versa une somme additionnelle de £205 à sa veuve, en réponse à ses demandes d’aide.
Considéré comme un homme compatissant et un médecin plein de promesses, James Patrick Collins s’attira les éloges de ses contemporains par ses capacités professionnelles et son dévouement envers ses compatriotes. Sa mémoire est encore vénérée aujourd’hui à Saint-Jean, en particulier dans les milieux irlandais. Une croix celtique érigée sur l’île Partridge et une réplique demi-grandeur de cette croix, à Saint-Jean, rappellent son « dévouement et [son] sacrifice » et perpétuent le souvenir de plus de 2 000 immigrants irlandais emportés par l’épidémie de typhus de 1847.
APC, MG 9, A10, 5.— APNB, RG 3, RS266, A11b ; RG 4, RS24, S61-P282, S62-P260.— Arch. of the Diocese of Saint John (Saint-Jean, N.-B.), Cathedral of the Immaculate Conception (Saint-Jean), reg. of baptisms, 22 août 1847 (mfm aux APNB).— City of Saint John, City Clerk’s Office, Common Council, minutes, 1847 (mfm aux APNB).— Musée du N.-B., Reg. of marriages for the city and county of Saint John, book C : 524 (mfm aux APNB).— Partridge Island Research Project (Saint-Jean), « The year of the fever » (article anonyme, Saint-Jean, vers 1904).— PRO, CO 188/100–101, 188/108 (mfm aux APC).— St Joseph’s Cemetery (Roman Catholic) (Saint-Jean), Cemetery records (mfm aux APNB).— St Mary’s Cemetery (Saint-Jean), Tombstone inscription for Patrick Collins.— N.-B., House of Assembly, Journal, 1848–1855.— New-Brunswick Courier, 22–29 août, 19 sept., 31 oct. 1846, 5, 26 juin, 3–10 juill., 21 août, 4–18 déc. 1847, 19 nov. 1853.— William Murdoch, Poems and songs (2e éd., Saint-Jean, 1872).— W. K. Reynolds, « The year of the fever », New Brunswick Magazine (Saint-Jean), 1 (juill.–déc. 1898) : 202–214.— Telegraph-Journal (Saint-Jean), 10–11 oct. 1927.— J. M. Whalen, « Allmost as bad as Ireland » : Saint John, 1847 », Archivaria (Ottawa), nº 10 (été 1980) : 85–97.
James Murray Whalen, « COLLINS, JAMES PATRICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/collins_james_patrick_7F.html.
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Auteur de l'article: | James Murray Whalen |
Titre de l'article: | COLLINS, JAMES PATRICK |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 22 déc. 2024 |