CARDERO, MANUEL JOSÉ (Josef, Joseph) ANTONIO, artiste et marin, né le 31 octobre 1766 à Écija, Espagne, fils de Salvador Dieguez Cardero et d’Antonia Romero ; en 1798, probablement, il épousa Gregoria Rosalia de la Vega ; décédé après 1810 en Espagne.
On sait peu de chose des premières années de Manuel José Antonio Cardero. En juillet 1789, il s’embarqua à Cadix, en Espagne, comme mousse au service de Dionisio Alcala-Galiano, qui faisait partie de l’expédition de recherche scientifique et d’exploration d’Alejandro Malaspina, laquelle devait faire le tour du monde. L’absence ou l’incapacité des membres de l’expédition engagés en tant qu’artistes donna à Cardero l’occasion de sortir de l’ombre en manifestant ses talents. Il exécuta ses premiers dessins à Guayaquil (Équateur), plus d’un an après que l’expédition eut quitté l’Espagne. Avec enthousiasme et de plus en plus d’adresse, Cardero dessina un grand nombre d’illustrations zoologiques et de paysages sous la tutelle de José Guío, puis de Tomás de Suria*, deux des artistes officiels de l’expédition. Le 2 mai 1791, Malaspina quitta Acapulco (Mexique) en direction du nord. Au moment où le groupe atteignit son premier mouillage à l’anse Mulgrave (baie Yakutat, Alaska), à la fin de juillet, les mérites de Cardero n’étaient plus à démontrer. Quoique Malaspina l’ait décrit comme « un simple amateur, non dépourvu de goût ou de sens artistique », ses dessins de l’anse Mulgrave et de la visite que l’expédition fit en août à la baie de Nootka (Colombie-Britannique) sont un délice pour l’historien par leur fidélité dans les détails et leur achèvement. Incapable de se permettre la licence artistique d’un spécialiste qualifié, Cardero produisait des œuvres extrêmement réalistes au crayon, à la plume, au lavis d’encre et à l’aquarelle. Malgré cela, n’étant pas un artiste officiel, on ne lui accorda pas grande considération pour son travail durant l’expédition.
Au début de 1792, Alcalá-Galiano et Cayetano Valdés y Flores Bazán furent détachés de l’expédition pour explorer le détroit de Juan de Fuca qui, croyait-on, pouvait bien être l’entrée du passage légendaire du Nord-Ouest. Pour leur petite expédition, à bord des schooners Sutil et Mexicana, les officiers réclamèrent les services de Cardero, en insistant pour que son salaire fût doublé. Bien que ses contemporains l’eussent décrit comme un petit homme n’ayant rien d’un hercule, il se révéla fort utile à l’expédition, jouant à la fois le rôle d’artiste, de pilote et de scribe. On a de fortes raisons de croire qu’il est le véritable auteur du récit de voyage intitulé Relación del viage hecho por las goletas Sutil y Mexicana en el año de 1792 [...], que la tradition a attribué à Alcalá-Galiano ou à José Espinosa y Tello. Parmi les œuvres de Cardero, on trouve des portraits d’Indiens, une vue du nouvel établissement espagnol de Núñez Gaona (Neah Bay, Washington) et des scènes croquées le long du passage intérieur pendant que les schooners voyageaient du sud-est au nord-ouest. Quelque 25 dessins remontant à cette période ont survécu ; ils révèlent une maîtrise de plus en plus poussée de la part de l’auteur. Cardero exécuta aussi une série de profils de la côte afin d’aider à la navigation future.
Le Sutil et le Mexicana regagnèrent Acapulco à l’automne de 1792, et Manuel José Antonio Cardero poursuivit son voyage jusqu’à Mexico pour y terminer son travail à l’Académie royale de San Carlos. Il rentra en Espagne au mois de février 1794 et, en récompense des services importants qu’il avait rendus, il fut promu lieutenant du corps de ravitaillement naval, en mai 1795. Rien n’indique qu’il se soit remis à son art par la suite. Si tel fut le cas, on peut le considérer comme le premier Européen à s’être consacré exclusivement à l’exécution de dessins de la côte du Pacifique. Cardero servit comme lieutenant à Cadix jusqu’aux environs de 1810, après quoi son nom disparaît du registre des officiers de la marine espagnole, ce qui laisse supposer qu’il mourut ou qu’il prit sa retraite pendant l’occupation de l’Espagne par Napoléon Ier.
L’acte de baptême de Manuel José Antonio Cardero est conservé dans les registres de l’église paroissiale de Nuestra Señora de Santa Maria (Écija, Espagne). On peut trouver des détails concernant sa famille et sa carrière dans l’Archivo Museo Don Alvaro de Bazán (Vis del Marqués), José Cardero, expediente personal, et dans l’Archivo General Militar (Segovie), Joseph Cardero, expediente matrimonial. Les œuvres artistiques signées de sa main, ou celles qu’on lui a attribuées, sont gardées à Madrid au Museo de América et au Museo Naval. Le manuscrit « Relación del viage hecho por las goletas Sutil y Mexicana [...] », conservé au Museo Naval, ms no 1060, de la main de Cardero, a été publé sous le titre de Relación del viage hecho por las goletas Sutil y Mexicana en el año de 1792, para reconocher el estrecho de Fuca [...] (Madrid, 1802 ; réimpr., 1958). [d. c. c.]
Voyages of enlightenment : Malaspina on the northwest coast, 1791–1792, Thomas Vaughan et al., édit. ([Portland, Oreg.], 1977).— D. C. Cutter, Malaspina in California ([San Francisco], 1960) ; « Early Spanish artists on the northwest coast », Pacific Northwest Quarterly (Seattle, Wash.), 54 (1963) : 150–157 ; « The return of Malaspina », American West (Cupertino, Calif.), 15 (1978), no 1 : 4–19.— D. C. Cutter et Mercedes Palau de Iglesias, « Malaspina’ artists », El Palacio (Santa Fe, N.Mex.), 84 (1976), no 4 : 19–27. Pour une opinion différente sur l’identité de l’auteur de Relación del viage, V. la biographie de Dionisio Alcalá-Galiano [dbc].
Donald C. Cutter, « CARDERO, MANUEL JOSÉ (Josef, Joseph) ANTONIO », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cardero_manuel_jose_antonio_5F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/cardero_manuel_jose_antonio_5F.html |
Auteur de l'article: | Donald C. Cutter |
Titre de l'article: | CARDERO, MANUEL JOSÉ (Josef, Joseph) ANTONIO |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |