Titre original :  Portrait d'Hubert Charon Cabana, maire de Sherbrooke (1880-1881) et (1885)

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CABANA, HUBERT-CHARRON (baptisé Hubert Charon, mais connu sous le nom d’Hubert Charron, dit Cabana, il signait H. C. Cabana), avocat, journaliste, homme politique et fonctionnaire, né le 14 juin 1838 à Verchères, Bas-Canada, fils de Lambert Charon (Charron, dit Cabana), cultivateur, et de Marie-Louise Anphil (Handfield, Enfield) ; le 13 août 1866, il épousa à Compton, Bas-Canada, Mary Esther (Marietta) Carr, et ils eurent cinq enfants ; décédé le 9 juin 1901 à Sherbrooke, Québec, et inhumé le 12 suivant au cimetière Saint-Michel de Sherbrooke.

Le jeune Hubert-Charron Cabana fait ses études classiques au collège de L’Assomption, puis entreprend à Québec, en 1858, des études de droit qu’il termine en 1862. L’année précédente, il s’était établi à Sherbrooke. En 1861 et 1862, il enseigne durant quelques mois au collège commercial de Sherbrooke, l’ancêtre du séminaire Saint-Charles-Borromée. Admis au barreau le 7 octobre 1862, il est l’un des premiers avocats canadiens-français de Sherbrooke. Pendant 23 ans, jusqu’à sa nomination comme protonotaire, il y exerce sa profession, d’abord dans le cabinet Cabana et Chicoyne, puis dans celui de Cabana et Bélanger et, après juillet 1874, seul. Nommé avocat-conseil le 26 juin 1883, il est élu bâtonnier du district de Saint-François, en mai 1884. Après avoir obtenu une maîtrise en droit du Bishop’s College de Lennoxville, le 30 octobre 1880, il y aurait enseigné le droit civil jusqu’en 1888.

Parallèlement à sa carrière d’avocat, Cabana s’intéresse au journalisme. Il fonde, le 13 octobre 1866, avec l’avocat Louis-Charles Bélanger, qui est déjà son associé, le premier journal francophone de Sherbrooke, le Pionnier de Sherbrooke. Dès le premier numéro, ce journal prône l’union des différentes nationalités qui composent la population des Cantons-de-l’Est. Cependant, en juillet 1874, à la suite de frictions et de divergences d’opinions entre Cabana et Bélanger, ce dernier quitte le Pionnier pour fonder un journal concurrent, le Progrès de l’Est. Cette querelle, qui débouche même sur de violentes polémiques, dure une quinzaine d’années. Toutefois, avec le temps, les divergences s’amenuisent, puisque les deux se retrouvent au moment de la fusion du Pionnier et du Progrès de l’Est en 1878. La nécessité d’une union des deux journaux francophones est apparue au cours de discussions à l’occasion d’une réception pour célébrer l’entrée de Cabana au conseil municipal. La fusion était devenue nécessaire pour des raisons économiques surtout, le marché étant trop petit pour deux journaux francophones, mais probablement aussi pour des raisons politiques : les deux journaux appartenaient à la famille conservatrice et leurs divergences, surtout sur la politique locale, menaçaient de diviser le parti. En février 1878, une société, la Compagnie typographique des Cantons de l’Est, constituée de 24 personnes, est fondée avec pour objectif « la publication d’un journal français conservateur, dans la cité de Sherbrooke ». La nouvelle compagnie, dotée d’un capital de 10 000 $, rachètera les deux journaux pour n’en publier qu’un, toujours sous le nom du Pionnier. Cabana cède son journal pour la somme de 3 800 $. Président de la compagnie jusqu’en 1885, il demeure rédacteur en chef du Pionnier jusqu’en juin 1881. Même après avoir quitté le journal, il reste associé puisqu’il fait partie du conseil d’administration de l’entreprise.

Cabana participe activement à la vie municipale de Sherbrooke. Il est d’abord élu conseiller municipal du quartier Centre, qu’il représente du 10 janvier 1876 au 17 janvier 1880 et du 21 janvier 1881 au 19 janvier 1885. Entre ses deux mandats, les conseillers l’élisent à l’unanimité maire, le 17 janvier 1880. Cabana, qui a l’habitude des premières, devient ainsi le premier maire francophone de la très loyaliste cité des Cantons-de-l’Est où l’élément anglophone est majoritaire. Pour le Pionnier, cette élection est significative : « tous les gens instruits et intelligents qui viennent en contact avec nous perd[ent] immédiatement leurs préjugés, qui ne reposent que sur l’ignorance de notre race ». Sous sa direction, la ville de Sherbrooke se développe considérablement : on y installe l’eau, le gaz et la première ligne téléphonique. Le 21 janvier 1881, Cabana est battu à la mairie par trois voix contre deux. Quatre ans plus tard, le 19 janvier 1885, on le réélit pour un second mandat, geste que le Pionnier salue comme une grande victoire pour les francophones de la ville. Durant ce mandat, Sherbrooke est inclus dans la ligne du chemin à lisses de Waterloo et Magog qui relie Montréal à New York. La nomination de Cabana au poste de protonotaire à la Cour supérieure, de greffier de la Cour de circuit et de greffier de la couronne et de la paix pour le district de Saint-François, le 9 septembre 1885, l’amène à démissionner de son poste de maire. Cabana exercera la fonction de protonotaire jusqu’à sa mort.

Cabana se montre aussi actif dans plusieurs organismes. Pendant 36 ans, il fait partie du Bureau des commissaires d’écoles catholiques romains de la cité de Sherbrooke, dont il est président à plusieurs reprises. Dès son arrivée dans la ville, il devient membre de la Société Saint-Jean-Baptiste de Sherbrooke, dont il sera président à trois reprises (1871–1872, 1878 et 1892). Il est aussi administrateur de deux organismes à vocation culturelle, le Morey Art Building and Library et le Free Reading Room, membre fondateur et premier président d’une société de bienfaisance, l’Union Saint-Joseph des artisans de Sherbrooke, fondée en 1874, et, enfin, secrétaire du Club Cartier de Sherbrooke, club politique dévoué au Parti conservateur.

Hubert-Charron Cabana meurt à Sherbrooke, le 9 juin 1901, quelques jours avant d’atteindre ses 63 ans. Ses funérailles ont lieu trois jours plus tard. Les commentaires formulés au moment de son décès sont élogieux ; on ne lui connaissait pas d’ennemis. L’un des premiers avocats canadiens-français de Sherbrooke, fondateur du premier journal francophone de cette ville, son premier maire francophone, Cabana a contribué grandement tout au long de sa carrière au progrès des francophones dans la région des Cantons-de-l’Est.

Jocelyn Saint-Pierre

AC, Saint-François (Sherbrooke, Québec), État civil, Catholiques, Saint-Michel (Sherbrooke), 12 juin 1901 ; Minutiers, J.-A. Archambault, 27 avril 1878.— ANQ-M, CE1-26, 15 juin 1838.— Le Pionnier (Montréal), 16 juin 1901.— Le Pionnier de Sherbrooke, 13 oct. 1866, 24 juill. 1874, 23 janv. 1880, 22 janv., 17 oct. 1885.— Le Progrès de l’Est (Sherbrooke), 11, 14 juin 1901.— « Cent ans déjà que... », BRH, 68 (1966) : 141.— Dominion annual reg., 1880–1881, 1883, 1885.— Amédée Gaudreault, les Maires de Sherbrooke (Sherbrooke, 1954).— J. Hamelin et al., la Presse québécoise.— J.-P. Kesteman, le Progrès (1874–1878) : étude d’un journal de Sherbrooke (Sherbrooke, 1979).— Les Maires de Sherbrooke, 1852–1982 (Sherbrooke, 1983).— Terrill, Chronology of Montreal.

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Jocelyn Saint-Pierre, « CABANA, HUBERT-CHARRON (baptisé Hubert Charon) (Hubert Charron, dit Cabana; H. C. Cabana) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cabana_hubert_charron_13F.html.

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Auteur de l'article:    Jocelyn Saint-Pierre
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    20 nov. 2024