Titre original :  George

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BYERS, GEORGE FREDERICK, boxeur et instructeur de boxe, né le 25 juin 1872 à Charlottetown, fils de William Byers et de Charlotte Ellen Goodwin ; il épousa Julia Churchill, qui mourut avant lui ; décédé le 10 avril 1937 à Boston.

George Frederick Byers grandit dans le Bog, quartier multiethnique pauvre de l’ouest de Charlottetown, tout comme, avant lui, son cousin George Godfrey*, également boxeur professionnel. Il était un descendant de troisième génération de John Byers, dit Black Jack, et de sa femme Amelia, couple d’esclaves amené à l’île Saint-Jean (Île-du-Prince-Édouard) par le lieutenant-colonel Joseph Robinson*, anciennement du régiment des South Carolina Royalists, après la guerre d’Indépendance américaine. La famille étendue de Byers était la plus grosse au sein de la communauté du Bog, qui se développa au début du xixe siècle, à mesure qu’on abolit l’esclavage de manière non officielle sur l’île en affranchissant graduellement les esclaves arrivés dans les années 1780 avec des loyalistes et des fonctionnaires britanniques. Deux des fils de John et Amelia, Sancho et Peter* Byers, affranchis, moururent par pendaison en 1815 pour des crimes mineurs contre les biens, non reliés, ce qui montre que la malédiction de l’esclavage demeurait malgré la disparition de sa pratique sur l’île.

Alors que la plupart des membres de sa famille occupaient des emplois pénibles de ramoneur, de débardeur ou d’ouvrier de la construction, entre autres, George Frederick Byers compta parmi ceux qui s’en allèrent chercher du travail aux États-Unis. Il reçut quelques leçons de boxe de Dick Cronin avant de quitter Charlottetown pour Boston en 1890, où il bénéficia probablement du soutien de son cousin George – fils de sa tante paternelle Sarah Byers Godfrey –, boxeur de renom qui se battait poings nus et qui y dirigeait une école de boxe. Byers livrait la plupart de ses combats, sinon tous, les mains gantées et pour des prix en argent, souvent dans des maisons de jeu sujettes aux descentes de police. Chaque round durait trois minutes et était suivi d’une pause d’une minute. Les matchs de compétition comportaient le plus souvent de 6 à 25 rounds. Pour ceux qui atteignaient la limite, on déterminait normalement le vainqueur selon les points concédés par des juges, ou par décision de l’arbitre, quoique les camps des boxeurs arrangeaient parfois à l’avance des matchs nuls pour se partager l’argent quand les athlètes finissaient le combat debout.

Le 23 août 1895, à Boston, le premier combat professionnel de Byers se conclut par un match nul de trois rounds contre Jack Colbert. Pendant les neuf années suivantes, il parcourrait les États-Unis en boxant dans les catégories de poids mi-moyen, moyen, mi-lourd et lourd, malgré sa taille de cinq pieds huit pouces et demi et son poids maximal de combat de 165 livres. Un article paru en 1900 dans un journal de Boston nota qu’il boxait à titre de poids mi-moyen, mais pressait un champion poids moyen de l’affronter : « Byers a l’ambition de disputer un match contre Tommy Ryan [champion du monde poids moyen, 1898–1907], mais ce dernier rejette le défi de Byers en raison de sa couleur. »

Même si, à l’époque, les titres pour les boxeurs noirs ne semblaient ni bien réglementés ni bien répertoriés, la documentation indique que Byers, au cours de sa carrière, remporta le championnat du monde des poids moyens de couleur et celui des poids lourds de couleur. Le 9 décembre 1897, à Waterbury, au Connecticut, il s’empara du titre de champion poids moyen de Harry Peppers en l’arrêtant au dix-neuvième round. On ignore cependant s’il défendit ce titre, déjà apparemment vacant en 1907, quand le grand Samuel Langford*, protégé néo-écossais de Byers, le remporta à l’issue d’un match défi. Byers ravit le titre de champion du monde poids lourd à Frank Childs, en le battant aux points dans un combat de 20 rounds livré à New York le 14 septembre 1898 ; il détint le titre jusqu’à ce que Childs le lui reprenne grâce à un knock-out au dix-septième round le 16 mars 1901 à Hot Springs, en Arkansas. Quand il se retira, en 1904, Byers affichait à son tableau 20 victoires, 7 défaites et 20 matchs nuls pour 47 combats enregistrés (il participa sans doute à de nombreux autres), dont 14 victoires et 4 défaites par knock-out.

Pendant maintes années, Byers continua de boxer dans des matchs d’exhibition de trois rounds en général ; en 1909, par exemple, il affronta à Boston Jack Johnson, devenu le premier Noir champion du monde des poids lourds en ayant récemment battu Noah Brusso* (Tommy Burns). Byers dirigeait également un gymnase et une école de boxe à Boston. Langford, son élève le plus célèbre, raconta dans son autobiographie : « [A]vant de maîtriser les techniques que George m’avait apprises, j’avais du mal à étourdir l’adversaire avec mes poings. Mais après un moment, les choses se sont améliorées et je pouvais lancer des crochets de gauche comme George me l’avait enseigné. J’ai alors commencé à écourter le divertissement de soirée des spectateurs. » Byers voyageait parfois avec Langford pour lui servir de soigneur ; une photographie prise en 1910 les montre ensemble à Los Angeles, où Langford se préparait pour un match et où les deux hommes participèrent à un combat d’exhibition.

Même si on le surnommait Budge, Byers ne combattit probablement pas sous ce pseudonyme, dont il reste difficile de trouver des mentions. En 1920, pendant une visite à Charlottetown, un quotidien de la ville le félicita d’avoir achevé sa carrière en pleine forme : « En dépit d’une longue période de trente ans et du fait qu’il se soit trouvé maintes et maintes fois aux prises avec certains des plus rudes boxeurs du continent, le temps s’est montré clément envers George, et il semble frais comme une rose. » Byers mourut d’une pneumonie à Boston le 10 avril 1937, à l’âge de 64 ans.

Après avoir laissé derrière lui la petite communauté noire de Charlottetown, où les perspectives d’avenir se réduisaient à peu de chose, George Frederick Byers, sans beaucoup plus que ses aptitudes physiques et son courage, parcourut les États-Unis en participant à des combats, enseigna la boxe à Boston, et sillonna l’Europe et l’Amérique en compagnie de Langford. Sa réussite la plus singulière, assez unique pour un boxeur à son époque, réside peut-être dans le fait qu’il put jouir d’une retraite en bonne santé ; il profita ainsi de son succès pendant de nombreuses années.

Jim Hornby

Mass., Dept. of Public Health, Registry of vital records and statistics (Boston), death certificate, no 3898.— U.S. National Arch. and Records Administration (Washington), United States census, 1910, Mass., Middlesex, Cambridge, Ward 4 ; United States census, 1920, Mass., Suffolk, Boston, Ward 8 ; World War I draft registration cards, 1917–1918 (mfm 1509), George Frederick Byers.— Charlottetown Guardian, 17 juin 1920, 12 avril 1937.— Evening Mail (Halifax), 16 août 1924.— Examiner (Charlottetown), 23 avril 1900.— Wilf McCluskey, « Ring ramblings », Journal-Pioneer (Summerside, Î.-P.-É.), 11 oct. 1972, 26 mars 1975.— Patriot, 12 avril 1937.— BoxRec, « George Byers » : boxrec.com/boxer/40088 (consulté le 14 déc. 2016).— Cyber Boxing Zone, « George Byers » : www.cyberboxingzone.com/boxing/GeorgeByers.htm (consulté le 14 déc. 2016).— Jim Hornby, Black Islanders : Prince Edward Island’s historical black community (Charlottetown, 1991) ; In the shadow of the gallows : criminal law and capital punishment in Prince Edward Island, 1769–1941 (Charlottetown, 1998).

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Jim Hornby, « BYERS, GEORGE FREDERICK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/byers_george_frederick_16F.html.

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Auteur de l'article:    Jim Hornby
Titre de l'article:    BYERS, GEORGE FREDERICK
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2020
Année de la révision:    2020
Date de consultation:    20 nov. 2024