Titre original :  Professor Edmund Kemper Broadus

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BROADUS, EDMUND KEMPER, professeur d’université et auteur, né le 27 août 1876 à Alexandria, Virginie, fils de Thomas Andrew Broadus et de Sarah Jane Botts ; le 15 août 1900, il épousa à Chicago Eleanor Hammond, et ils eurent un fils ; décédé le 17 décembre 1936 à Edmonton.

Le jeune Edmund Kemper Broadus fréquenta le Columbian College à Washington, où il obtint un baccalauréat ès arts en 1897. La University of Chicago lui décerna une maîtrise ès arts en 1900 et la Harvard University à Cambridge, au Massachusetts, un doctorat en 1908. Pendant ces années, il enseigna la littérature anglaise à la Stetson University en Floride, à la University of South Dakota et à Harvard.

Dans l’essai « Small beginnings », qui ferait partie du recueil Saturday and Sunday, paru à Toronto en 1935, Broadus évoqua sa première rencontre avec Henry Marshall Tory*, président de la University of Alberta fondée depuis peu : « Un jour de juin 1908, le président d’une université qui n’existait pas encore, située dans une province dont je n’avais jamais entendu parler, dans un pays que je n’avais jamais visité, vint à Harvard et m’offrit la chaire d’anglais. La proposition me sembla pure folie. Je crois que ce que j’ai accepté, ce n’était non pas le poste ni le salaire, mais l’homme. » La santé de Broadus put également avoir joué un certain rôle, car un ganglion tuberculeux s’était apparemment développé dans son cou et on lui avait conseillé de chercher un climat plus sain dans l’Ouest.

À l’automne, Broadus commença à enseigner à Strathcona (qui deviendrait la partie sud d’Edmonton). Il était l’un des quatre professeurs de la jeune université qui comptait 45 étudiants et qui, pendant la première session, occupa le dernier étage d’une école primaire. Il resterait à la University of Alberta à titre de professeur de langue et de littérature anglaises et de directeur du département jusqu’à sa mort. Il s’adapta facilement à la vie d’une collectivité encore pionnière rassemblée à l’extrémité d’une ligne ferroviaire secondaire. Broadus et sa famille passèrent deux hivers dans une maison louée ; par la suite, lui et le professeur d’études classiques William Hardy Alexander, ainsi que leurs femmes, construisirent à la campagne des maisons bien isolées contre le froid sur un emplacement donnant sur la rivière Saskatchewan-du-Nord. Dans l’essai sur sa « petite maison brune », Broadus décrivit l’arrivée de l’hiver dans ce paysage nordique, saison qui pouvait amener des températures de « moins quarante », mais également une beauté « austère et grandiose ».

Au dire de tous, Broadus était un professeur remarquable qui laissait une impression durable chez ses étudiants. À la fois craint et apprécié, il était décrit comme un homme exigeant et sarcastique, « comme un sergent-major régimentaire », ce qui ne l’empêchait pas d’inspirer et de fasciner. C’était aussi un « merveilleux lecteur » à la « voix mélodieuse ». Il pouvait être tout aussi exigeant envers ses collègues. Dans les années 1930, des étudiants non inscrits à ses cours venaient y assister en tant qu’auditeurs libres. À propos de son credo pédagogique, Broadus écrivit : « La seule chose qui compte vraiment est de persuader l’étudiant d’entreprendre un voyage de découvertes pour lui-même avec, comme guide, sa propre curiosité en éveil. » En compagnie de collègues de l’université, il jouait au golf, allait à la pêche et arbitrait des matchs de boxe amateurs. De nombreuses années plus tard, on se souviendrait de lui conduisant une « voiture très chouette » appelée Hotspur, d’après le personnage de Shakespeare.

Parmi les publications érudites de Broadus figurent : The laureateship : a study of the office of poet laureate in England […] (Oxford, Angleterre, 1921), ouvrage qui fit autorité sur le sujet pendant un grand nombre d’années ; The story of English literature (New York, 1931 ; Toronto, 1936) ; English prose from Bacon to Hardy (Londres et Toronto, 1918), édité en collaboration avec Robert Kay Gordon, membre du département d’anglais ; et l’ouvrage marquant grâce auquel surtout on se souviendrait de lui, A book of Canadian prose and verse (Toronto, 1923, 1934), qu’il édita avec la collaboration de sa femme, Eleanor Hammond Broadus, érudite et traductrice reconnue.

Les éditeurs avaient « deux objectifs en vue : rassembler en un seul volume de dimension commode un choix représentatif de textes canadiens en vers et en prose et, ce faisant, peindre, dans son propre contexte, un tableau de la vie canadienne passée et présente. Aucune incompatibilité n’a été trouvée entre les deux objectifs. La poésie lyrique qui manque de saveur locale et la prose pleine d’imagination qui transporte le lecteur dans des scènes autres que canadiennes ont été exclues, à quelques exceptions près. » La première partie, « Canada and the Canadian scene », fut consacrée à la poésie. Dans la deuxième, intitulée « The people » et composée d’œuvres choisies en prose, les éditeurs « avaient l’intention de présenter, à l’aide d’extraits de récits des premiers explorateurs, d’essais et de romans, un tableau du passé et un panorama des divers aspects de la vie canadienne d’aujourd’hui ». La troisième partie, intitulée « The nation builders », comprenait des extraits de discours de six chefs politiques, prononcés « à des moments marquants du développement du pays ».

À l’origine, le manuel fut publié dans la collection « Western Canada » de la Macmillan Company of Canada et fut autorisé dans les écoles de l’Alberta, avant d’être adopté pour les étudiants du secondaire dans plusieurs autres provinces et au niveau collégial. En 1928, plus de 17 000 exemplaires avaient déjà été imprimés. En 1934, en grande partie à l’instigation du poète et professeur Edwin John Pratt* du Victoria College à la University of Toronto, l’ouvrage fit l’objet d’une révision en profondeur ; l’université lançait en 1934–1935 un programme spécialisé en littérature américaine et canadienne, et la lecture du livre A book of Canadian prose and verse serait obligatoire. Un certain nombre de poèmes anciens écrits par des poètes mineurs furent écartés et des œuvres plus récentes furent ajoutées au volume. La Macmillan Company effectua les révisions dans ses bureaux, avec l’approbation des Broadus.

Au fil des ans, Broadus fut chargé de cours invité à la University of California à Berkeley et Los Angeles, à la University of Oxford, au Haverford College en Pennsylvanie et à la University of Chicago. À la University of Alberta, il remplit plusieurs mandats au conseil universitaire comme représentant des professeurs. En 1933, à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de l’université et de son entrée en fonction, il prononça l’une des conférences publiques commémoratives et reçut un doctorat honorifique en droit. Un an plus tard, il fut élu membre de la Société royale du Canada.

La santé d’Edmund Kemper Broadus commença cependant à décliner vers cette époque. Au début de 1936, il fut affligé de ce qu’il appela « une sorte de dépression nerveuse générale » et passa plusieurs mois dans une maison de santé en Colombie-Britannique. Il s’efforça en même temps de terminer les révisions de l’ouvrage The story of English literature, qui avaient été exigées par le département de l’Éducation de la Nouvelle-Écosse. En écrivant ce livre, Broadus avait voulu inspirer aux étudiants « intérêt et curiosité » en présentant l’histoire sous forme narrative. Mais le département insistait sur l’ajout de sections intercalaires pour donner un contexte historique et d’autres renseignements factuels que, selon Broadus, « tout professeur moyennement compétent » pouvait fournir. Il retourna à Edmonton à la fin du mois d’avril et, avec l’aide de sa femme, il réussit à corriger les épreuves de la nouvelle édition. Il ne vit jamais le livre imprimé ; il mourut en décembre 1936 à l’âge de 60 ans. Les conférences Edmund Kemper Broadus furent instaurées en son honneur à la University of Alberta en 1971.

Ernest George Mardon et Austin Mardon en collaboration avec Elizabeth Hulse

Outre les ouvrages déjà mentionnés, Edmund Kemper Broadus a écrit : Studies in oral English (s.l.n.d.), manuel à l’usage des étudiants à la University of Alberta ; Principles and practice of debating (Edmonton, 1913) ; et des articles pour des revues populaires et savantes. La conférence « English poetry during these twenty-five years », qu’il a prononçée durant les célébrations du vingt-cinquième anniversaire de la University of Alberta, a paru dans These twenty-five years : a symposium […] (Toronto, 1933), 27–51. Broadus a également dirigé la publication de Books and ideals : an anthology (Londres et Toronto, 1921), de Thomas Fuller : selections […] (Oxford, Angleterre, 1928), et d’ouvrages de Charles Dickens et de Robert Louis Stevenson.

McMaster Univ., William Ready Div. of Arch. and Research Coll. (Hamilton, Ontario), Macmillan Company of Canada fonds, box 77, file 11 ; box 78, files 1–3 ; production files.— Lovat Dickson, The ante-room (Toronto, 1959).— W. H. Johns, A history of the University of Alberta, 1908–1969 (Edmonton, 1981).— Rod Macleod, All true things : a history of the University of Alberta, 1908–2008 (Edmonton, 2008).— F. J. Nezoson, « A most memorable lesson », History Trails, hiver 1982 : www.ualberta.ca/ALUMNI/history/peoplea-g/82winbroadus.htm (consulté le 26 janv. 2013).— Ellen Schoeck, I was there : a century of alumni stories about the University of Alberta, 1906–2006 (Edmonton, 2006).— SRC, « Edmund Kemper Broadus », Mémoires, 3e sér., 31 (1937), proc. : vii–ix.— Georgina Thomson, « The burning word », History Trails, hiver 1957–1958 : www.ualberta.ca/ALUMNI/history/peoplea-g/57winword.htm (consulté le 26 janv. 2013).— Univ. of Alberta, « Edmund Broadus » : www.ualbertacentennial.ca/cgi-bin/people/displaybio.php?bio_id=608 (consulté le 17 janv. 2013).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Ernest George Mardon et Austin Mardon en collaboration avec Elizabeth Hulse, « BROADUS, EDMUND KEMPER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/broadus_edmund_kemper_16F.html.

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Auteur de l'article:    Ernest George Mardon et Austin Mardon en collaboration avec Elizabeth Hulse
Titre de l'article:    BROADUS, EDMUND KEMPER
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2015
Année de la révision:    2015
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