BERNARD, NOËL (Bernard Noel, Nuel Benar, Neville Bernard), chef malécite qui vécut dans la vallée de la Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick ; circa 1781–1801.

La plus ancienne mention de Noël Bernard remonte peut-être au 21 octobre 1781, lorsqu’il reçut un fusil à l’« Indian House », de la William Hazen and Company, à Indiantown (maintenant partie de Saint-Jean). Bien qu’à divers moments de sa vie il ait fréquenté Meductic (situé alors à quatre milles en amont de l’actuel Meductic) et Tobique (réserve indienne de Tobique), son champ habituel d’activité semble avoir été la région de la Madawaska. Son fils Louis prétendit que son père, ainsi que son grand-père, était né et avait été enterré à cet endroit.

Pendant plusieurs années, Meductic fut l’emplacement d’un village d’été malécite ; mais les résidents, devant le mouvement d’immigration loyaliste vers le haut de la Saint-Jean, avaient gagné la région de la Madawaska avant 1784. Parrainé par la New England Company, le missionnaire anglican Frederick Dibblee* fonda en 1788 une école pour les Indiens à Meductic. Il distribua des provisions en abondance dans l’espoir de voir les Malécites lui confier leurs enfants. Attirés également par le fait que Meductic était inhabité – les soldats à qui les terres avaient été concédées ayant négligé de les occuper –, des Malécites s’y installèrent en grand nombre. Accompagné de sa femme, Antoinette, et de cinq enfants, Marie-Madeleine, Jean-Baptiste, Louis, Zacharie et Marie, Bernard arriva au village en 1788 ou 1789. Sunum Benar, qui signifie littéralement « son fils Bernard » et dont le nom suit celui de Noël Bernard sur la liste que dressa Dibblee de ceux qui reçurent des provisions, était vraisemblablement un fils adulte et célibataire de Noël Bernard. La quantité de vivres qu’ils obtinrent tous deux était bien inférieure à la moyenne de ce qui fut donné â la centaine de groupes ou plus qui visitèrent Meductic au cours de ces années. On ignore combien de temps Noël Bernard y resta.

La fondation de la desserte catholique Saint-Basile-le-Grand, en 1792, contribua sans aucun doute à attirer les Malécites et d’autres Indiens dans la région de la Madawaska. La fille de Bernard, Marie-Madeleine, fut ensevelie dans le cimetière Saint-Basile-le-Grand le 20 mai 1795. Au cours d’une entrevue en 1841, Louis Bernard affirma que sa famille et lui étaient les seuls survivants d’une bande de 500 à 600 personnes de ce village, où l’on avait tracé des rues lorsqu’il était enfant.

À la suite de l’échec de l’école de Dibblee, à Meductic, au début des années 1790, le gouvernement du Nouveau-Brunswick élabora un plan pour régler le « problème indien ». Le 4 septembre 1801, il créa une réserve de 16 000 acres au confluent de la Tobique et de la Saint-Jean, laquelle fut donnée à Bernard et à sa tribu. Comme la réserve contenait un sol fertile pour l’agriculture, des forêts propices à la chasse et plusieurs bonnes fosses à saumon, la chambre d’Assemblée formula l’espoir que les Malécites de toute la vallée de la Saint-Jean y trouveraient suffisamment de ressources pour subsister selon leur mode de vie traditionnel en attendant le jour où ils pourraient devenir fermiers. Beaucoup, toutefois, préférèrent rester dans les environs de ce qui est aujourd’hui Kingsclear, Saint-Jean, Woodstock et la Madawaska. Nomades possédant leurs territoires de chasse traditionnels, ils n’étaient pas attirés par la vie sédentaire du fermier.

Vincent O. Erickson

Arch. paroissiales, Saint-Basile (Saint-Basile-le-Grand, N.-B.), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 1792–1823 (mfm aux APNB).— Musée du N.-B., Simonds, Hazen, and White papers, F 20 : 96, no 98 (memorandum, W. White, 21 oct. 1781).— Military operations in eastern Maine and N.S. (Kidder), 306.— N.-B., House of Assembly, Journal, 1838 : app.12 ; 1842 : xcii-cxxviii.— Source materials relating to the New Brunswick Indian, W. D. Hamilton et W. A. Spray, édit. (Fredericton, 1976).— H. R. Schoolcraft, Historical and statistical information respecting the historv, condition and prospects of the Indian tribes of the United States [...] (6 vol., Philadelphie, 1851–1857 ; réimpr., New York, 1969), 5.— W. F. Ganong, « A monograph of historic sites in the province of New Brunswick », SRC Mémoires, 2e sér., 5 (1899), sect. ii : 213–357.— W. O. Raymond, « The first English proprietors of the parish of Woodstock », Dispatch (Woodstock, N.-B.), 31 juill. 1895 ; « The founding of Woodstock », 10 juill. 1895 ; « The Meductic fort and its surroundings », 29 janv. 1896 ; « The old Meductic fort », N.B. Hist. Soc., Coll., 1 (1894–1896), no 1 : 221–272.

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Vincent O. Erickson, « BERNARD, NOËL (Bernard Noel, Nuel Benar, Neville Bernard) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bernard_noel_5F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    20 déc. 2024