AUBERT DE LA CHESNAYE, LOUIS, officier dans les troupes de la Marine, capitaine de la garde du gouverneur, né le 8 juillet 1690 à Québec, fils de Charles Aubert* de La Chesnaye et de sa troisième femme, Marie-Angélique Denys de La Ronde, décédé le 20 octobre 1745 à l’Hôtel-Dieu de Québec.
La carrière de Louis Aubert de La Chesnaye a été confondue avec celle de son demi-frère, Louis Aubert Duforillon, de 12 ans son aîné, et avec celle d’Ignace-François Aubert de La Chesnaye, fils d’un autre demi-frère. Il est nécessaire de résumer chacune de ces trois carrières pour clarifier la situation.
Louis Aubert Duforillon naquit à La Rochelle en 1678, fils de Charles Aubert de La Chesnaye et de sa seconde femme, Marie-Louise Juchereau de La Ferté. Celle-ci mourut en mars 1678 et, deux ans plus tard, Charles Aubert épousa Marie-Angélique Denys de La Ronde. Vers 1700, Charles Aubert prévoyait qu’en raison de ses trois mariages des difficultés surgiraient à sa mort, dans le partage de ses biens. Un fils né de son premier mariage était décédé ; pour simplifier le règlement de sa succession, il donna à chacun de ses fils nés de son deuxième mariage des propriétés, effets et rentes pour une valeur de 24 500#. La part de Duforillon comprenait les seigneuries de Kamouraska et de Sainte-Marguerite près de Trois-Rivières, l’île au Cochon et un lopin de terre qu’on appelait le « marquisat du Sablé » près de Trois-Rivières, une maison à Trois-Rivières et 2 500# en effets.
Peu après, Duforillon se fiança avec Barbe, fille du major de Montréal, Michel Leneuf* de La Vallière et de Beaubassin ; le père de Duforillon désapprouva le mariage et refusa de signer leur contrat de mariage. En novembre 1701, Duforillon, en gage de sincérité, donna à sa fiancée tout ce qu’il avait reçu de son père et, en 1702, moins de sept semaines après la mort de son père, il épousa Barbe.
Le 15 mai 1703, Duforillon et Joseph Riverin, marchand de Québec, s’associèrent afin de partager les profits et les pertes d’une entreprise qui faisait le commerce de la morue, des biscuits, des pois, etc., avec Plaisance (Placentia, T.-N.) en utilisant le ketch Prospérité. En 1703 et en 1704, Louis se rendit à Plaisance pour affaires. L’association fut dissoute en 1704 et Louis fut obligé de retourner à Plaisance en 1705 et en 1706, afin d’y régler des dettes en souffrance.
On sait qu’en 1710, Duforillon porta en France les lettres du gouverneur d’Acadie, Daniel d’Auger* de Subercase, mais ses activités ultérieures sont assez imprécises. Il vendit plusieurs des propriétés qu’il avait reçues de son père et hérita de 6 000# de Paul-Augustin Juchereau* de Maur. Il était de nouveau en France en 1719, car Barbe Le Neuf fut informée de sa mort par une lettre d’un cousin de Paris, en date du 4 mai 1720. Barbe renonça à ses droits dans la succession de son mari et ne se remaria pas, demeurant à Montréal jusqu’à sa mort, le 14 février 1733.
Les documents sont avares de détails touchant la carrière de Louis Aubert de La Chesnaye. Il eut pour parrain et marraine des personnages aussi importants que le gouverneur Frontenac [Buade*] et Marie-Madeleine de Chaspoux, épouse de l’intendant Bochart* de Champigny. Louis Aubert entra dans les troupes de la Marine. Il était cadet lorsque Claude de Ramezay*, gouverneur de Montréal, suggéra, en 1705, de le nommer enseigne.
Les détails de la carrière d’un Aubert, couvrant la période de 1707 à 1733 apparaissent dans les Archives des Colonies (AN, Col., E, 116) : il semble qu’il s’agisse de Louis Aubert de La Chesnaye. Cet Aubert, de toute évidence, servit en Acadie où il fut blessé à deux reprises au cours de l’attaque de Port-Royal (Annapolis Royal, N.-É.) par les Anglais en 1707, sous les ordres de John March*. Il navigua sur la frégate Vénus que commandait Louis Denys de La Ronde et prit part à la capture d’un vaisseau puis combattit avec Saint-Ovide [Monbeton] lors de la prise de St John’s, Terre-Neuve, en 1709 ; il y fut de nouveau blessé. Il se rendit à la Martinique et commanda un bâtiment de 150 hommes lors de la prise de Saint-Vincent (île des Petites Antilles). Par la suite, il se livra pendant un certain temps à des opérations de course contre les Anglais et au cours de l’une d’elles il se fractura la jambe. Il retourna plus tard à Québec où, en 1733, il s’occupa d’établir les limites du Domaine du roi au Canada. En 1741, après la mort de Richard Testu de La Richardière, capitaine du port de Québec, Aubert postula la succession, mais on l’écarta à cause de sa santé délicate. Peut-être à titre de compensation, de lieutenant avec demi-solde qu’il était, on le nomma capitaine de la garde du gouverneur et il conserverait ce poste jusqu’à sa mort ; il décéda, toujours célibataire, en 1745.
Le troisième Aubert qui fit carrière à la même époque, Ignace-François Aubert de La Chesnaye, était né en 1699 et il était le fils de François Aubert* de La Chesnaye et d’Anne-Ursule Denys de La Ronde. En 1730, il épousa Marie-Anne-Josette, fille d’Alexandre-Joseph Lestringant* de Saint-Martin. Ignace-François Aubert commandait des navires affectés au transport des approvisionnements entre le Canada et l’Acadie. Au cours des années 40, il était en service commandé au cap des Rosiers près de Gaspé, où il surveillait le mouvement des vaisseaux anglais pour ensuite faire rapport à Québec. La Galissonière [Barrin] le recommanda au poste de capitaine des portes à Québec en 1748 et, l’année suivante, La Jonquière [Taffanel] appuya la candidature d’Aubert, soulignant qu’il était un « gentilhomme pauvre ». Néanmoins, la charge ne fut créée que neuf ans plus tard, lorsque Pierre de Rigaud* de Vaudreuil fit valoir l’importance d’un tel poste et recommanda pour le remplir Aubert, qui avait longtemps servi en qualité d’officier de milice. Le 1er janvier 1758, on nommait Aubert capitaine des portes à Québec au traitement de 800#. Il mourut à Québec en 1766.
AHDQ, Registres des sépultures, 21 oct. 1745.— AJQ, Registre d’état civil, Notre-Dame de Québec, 9 juill. 1690, 8 nov. 1702.— AN, Col., B, 22, ff.5 ;7v–98 ; 32, f.128 ; Col., C11A, 20, pp. 107, 109, 121 ; 22, pp. 342–343 (copies aux APC) ; Col., E, 10, 116.— ANQ, Greffe de Louis Chambalon, 18 oct. 1700, 7 nov. 1702, 16 janv. 1712, 20 juill. 1713 ; Greffe de Florent de La Cetière, 4 nov. 1712 ; Greffe de J.-C. Louet, 21 août 1720 ; NF, Coll. de pièces jud. et not., 612, 831, 3 556. 3 565, 3 566.— Bonnault, Le Canada militaire, RAPQ, 1949–1951, 300.— P.-G. Roy, Inv. ord. int., I : 99.— Tanguay, Dictionnaire.— P.-G. Roy, La famille Juchereau Duchesnay (Lévis, 1903), 49 ; Les capitaines de port à Québec, BRH, XXXII (1926) : 75s.
C. J. Russ, « AUBERT DE LA CHESNAYE, LOUIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/aubert_de_la_chesnaye_louis_3F.html.
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Auteur de l'article: | C. J. Russ |
Titre de l'article: | AUBERT DE LA CHESNAYE, LOUIS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |