HEGAN, ELIZA PARKS, infirmière, née en 1861 probablement à Portland (Saint-Jean, Nouveau-Brunswick), fille de John Hegan et d’Eliza Black ; décédée dans cette ville le 18 février 1917.

Né à Belfast, le père d’Eliza Parks Hegan était l’un des principaux commerçants de marchandises sèches de Saint-Jean. Durant des années, il fut associé à son beau-frère William Parks*, d’où le deuxième prénom d’Eliza. De confession presbytérienne, elle fréquenta une école privée, ce qui lui donna peut-être une meilleure formation qu’elle n’en aurait eu dans les écoles publiques de la ville. Sa jeunesse dut se dérouler dans une atmosphère fortement imprégnée de valeurs victoriennes. En tout cas, sa carrière démontre qu’elle avait le sens du devoir.

En 1888, le Saint John Général Public Hospital choisit dix femmes, dont Eliza Parks Hegan, pour un essai d’un mois à sa nouvelle école de soins infirmiers, l’une des premières ouvertes dans un hôpital laïque au Canada. Comme toutes les autres candidates, Mlle Hegan accepta de rester deux ans si elle faisait l’affaire. On ignore pourquoi elle choisit le nursing. Comme elle habitait une ville portuaire où les conditions d’hygiène étaient fluctuantes, où les gens de passage étaient nombreux et où la maladie éclatait fréquemment, les questions de santé publique devaient lui être familières. Sans doute aussi connaissait-elle le travail de Florence Nightingale, et peut-être les soins donnés par les Sisters of Charity of the Immaculate Conception à Saint-Jean et les Religieuses hospitalières de Saint-Joseph à Tracadie [V. Honoria Conway* ; Amanda Viger*] l’impressionnaient-ils. En tant qu’étudiante en soins infirmiers, elle était probablement logée et nourrie à l’hôpital. Elle assistait aux conférences des médecins et aux cours de l’infirmière en chef. Son travail consistait à préparer des repas pour les patients et à les distribuer, à se familiariser avec les médicaments, à donner des bains, à appliquer des topiques chauds ainsi qu’à confectionner et poser des pansements.

Diplômée en 1890, Eliza Parks Hegan, malgré son inexpérience, accepta de prendre en charge un hôpital de 20 lits à Fredericton, le Victoria Public Hospital. L’infirmière en chef venait d’être congédiée pour avoir « employé un langage menaçant et dictatorial envers les administrateurs de l’hôpital ». Accepter cette responsabilité était un signe de courage, car elle était sans aucun doute surveillée de très près. En 1892, elle retourna à Saint-Jean, où elle entreprit un mandat de trois ans à titre d’infirmière en chef de son alma mater. Elle ne tarda pas à provoquer des changements. Elle recommanda la subdivision des fonctions d’infirmière en chef et la nomination d’une infirmière principale, ce qui se réaliserait en 1895. En 1893, elle suscita une controverse en refusant de signer les certificats de quatre finissantes qui avaient contrevenu au règlement. Bien qu’elle ait eu l’appui de deux médecins, dont le docteur William Bayard*, président du conseil des commissaires de l’hôpital, le conseil prit parti contre elle. Déçue, elle quitta l’hôpital en 1895 : « J’avais une offre plus intéressante, dit-elle, et je ne regrettais pas de partir. Je ne voulais plus être là. »

Pendant les trois années subséquentes, Eliza Parks Hegan fut surveillante de nuit au New York Polyclinic Médical School and Hospital, où elle contracta la fièvre typhoïde. De retour à Saint-Jean en 1898, elle ouvrit un hôpital privé ; il y en avait alors deux autres dans la ville. D’aucuns lui attribuent le mérite d’avoir joué un rôle dans la formation de la première association d’infirmières des Maritimes, en 1903. Cependant, elle n’était pas parmi les 16 membres fondateurs de cette association, la Graduate Nurses’ Society of the Saint John General Public Hospital, et son nom ne figure pas régulièrement dans les premiers procès-verbaux. Dès mars 1909, la société admettait toutes les diplômées en soins infirmiers qui résidaient à Saint-Jean ; elle portait alors le nom de Saint John Graduate Nurses Association. Eliza Parks Hegan fut la cinquième présidente de cet organisme et y exerça durant des années la fonction d’archiviste. En 1916, au moment de la constitution juridique d’une organisation provinciale, la New Brunswick Association of Graduate Nurses, elle était l’une des 16 infirmières d’un conseil provisoire qui devait définir les règlements. Il est possible qu’elle ait été alors en mauvaise santé : présente par procuration à la première assemblée du nouveau regroupement, elle fut mise en nomination au conseil mais ne fut pas élue.

Eliza Parks Hegan mourut d’une cirrhose du foie en 1917, à l’âge de 56 ans. L’association provinciale des infirmières reconnut son apport à la profession. Par la suite, la Canadian Nurses’ Association loua son « caractère d’or et [ses] grands principes ». Bien qu’elle n’ait pas eu une très longue carrière, ses états de service dans des postes de responsabilité reflètent une personnalité tenace et indépendante.

Arlee Hoyt McGee

APNB, RS595 (Commission royale d’enquête sur les services hospitaliers, 1902, témoignages, vol. 2 ; le premier volume est disparu).— City of Saint John (Saint-Jean, N.-B.), Common Clerk’s Office, index of marriages and deaths, C. Ward, comp., 1972, permis d’inhumation no 204.— Nurses Assoc. of New Brunswick, Nursing Hist. Resource Centre (Fredericton), New Brunswick Assoc. of Graduate Nurses, minutes, book 1, 1916–1924.— Saint John Globe, 19 févr. 1917.— [A. S. Chipman Tilley], Lady Tilley, Victoria Cottage Hospital, commenced 21st June, 1887, opened 21st June, 1888 ; a short account of a little work begun in faith (Saint-Jean, 1888).— A. V. Hanscome [Crouse], History of the Saint John General Hospital and School of Nursing ([Saint-Jean, 1955]).— Health care in New Brunswick, 1784–1984 ([Fredericton, 1984]).— Arlee Hoyt McGee, The visionaries, George Bergeron, édit. ([Fredericton, 1991]).— Arlee [Hoyt] McGee et Mary Myles, The Victoria Public Hospital, Fredericton, 1888–1976 (Fredericton, 1984).— Pioneers of nursing in Canada (Montréal, [1929]).— St. John and its business : a history of St. John (Saint-Jean, 1875).— Victoria Public Hospital, Annual report (Fredericton), 1931 : 10 (exemplaire conservé au Nursing Hist. Resource Centre).

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Arlee Hoyt McGee, « HEGAN, ELIZA PARKS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hegan_eliza_parks_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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