O’CONNOR, JOHN, avocat, homme politique et juge, né le 21 janvier 1824 à Boston, fils de John O’Connor et de Mary O’Connor ; en avril 1849, il épousa Mary Barrett, et ils eurent neuf enfants ; décédé le 3 novembre 1887 à Cobourg, Ontario.
Les parents de John O’Connor quittèrent l’Irlande et immigrèrent à Boston en 1823 ; John y vint au monde l’année suivante. La famille déménagea en 1828 dans le canton de Maidstone, établissement catholique du comté d’Essex, Haut-Canada. Dans l’incapacité de s’adonner aux travaux de la ferme à la suite d’un accident dans lequel il avait perdu une jambe, O’Connor entreprit des études de droit en 1848. Après avoir étudié à Sandwich (Windsor) et à Toronto, il fut admis au Barreau du Haut-Canada en 1854. Il devint également membre du Barreau du Michigan mais n’exerça jamais dans cet état. Il travailla à Windsor avec Charles T. Baby et à Toronto, de 1863 à 1865, avec John Blevins. Avocat prospère, O’Connor n’occupa toutefois pas une place en vue au barreau et il ne fut créé conseiller de la reine que le 18 décembre 1872, après son entrée au cabinet fédéral.
Jeune homme, O’Connor avait travaillé quelque temps en qualité de rédacteur en chef d’un journal et il avait également manifesté de l’intérêt pour la politique locale. Président du conseil municipal de Windsor et conseiller dans le comté d’Essex en 1859–1860 et en 1862–1863, il occupa le poste de préfet du même comté à trois reprises durant les années 1860, et celui de président du conseil scolaire de Windsor pendant 12 ans. En 1860, la nomination du colonel John Prince* au poste de juge entraîna une vacance au Conseil législatif ; O’Connor espérait obtenir l’investiture conservatrice lors des élections visant à combler ce siège, mais il se retira en faveur de sir Allan Napier MacNab*. L’année suivante, Arthur Rankin battit O’Connor au cours d’une campagne acharnée dans Essex pour l’élection à l’Assemblée législative ; cependant, O’Connor fut élu le 7 avril 1863, après l’invalidation de l’élection de Rankin le 9 mars précédent. Plus tard, au cours de la même année, Rankin défit de nouveau O’Connor aux élections générales, mais ce dernier connut plus de succès aux élections fédérales de 1867 et représenta le comté d’Essex jusqu’en 1874.
O’Connor devint rapidement un leader irlandais catholique important au sein du nouveau parlement fédéral. Pendant les années 1860, les Irlandais catholiques d’Ontario se plaignirent avec raison du fait qu’ils n’avaient pas reçu une proportion équitable des postes de « patronage » de la part des conservateurs ; les libéraux encouragèrent leurs revendications. En 1870, l’agitation croissante des catholiques s’avéra source de problèmes pour les conservateurs ; les chefs laïcs, soutenus par les membres du haut clergé, commencèrent à s’organiser politiquement, tentant de soutirer des concessions de l’un ou l’autre parti. O’Connor, seul député irlandais catholique de l’Ontario, défendit les intérêts des conservateurs et réussit à obtenir un certain appui de l’archevêque John Joseph Lynch en vue de former une alliance entre les Irlandais catholiques et le parti conservateur. O’Connor continua d’occuper une place très en vue dans les milieux politiques : en 1870, il publia les Letters of John O’Connor, esq., M.P., on Fenianism [...], qui renfermaient une attaque vigoureuse contre les Féniens et mettaient l’accent sur la loyauté des Canadiens irlandais ; il travailla pour les conservateurs au cours de la campagne provinciale de 1871 et il accorda une bonne partie de son temps aux questions concernant les Irlandais catholiques.
En 1871, O’Connor se vit offrir un poste ministériel dans le cabinet de sir John Alexander Macdonald*. Comme il n’y avait pas eu de chef irlandais catholique de premier plan sur la scène politique fédérale depuis l’assassinat de Thomas D’Arcy McGee* en 1868, les pressions visant à accorder des postes et de l’avancement aux catholiques s’étaient accrues. Des problèmes financiers et le risque d’une défaite à l’élection partielle dans le comté d’Essex empêchèrent O’Connor d’accepter immédiatement, mais, le 2 juillet 1872, quelques semaines avant les élections générales, il entra au cabinet à titre de président du Conseil privé. Il occupa par la suite, jusqu’à la chute du gouvernement en 1873, le poste de ministre du Revenu de l’intérieur, du 4 mars au 30 juin, et celui de maître général des Postes, du 1er juillet au 6 novembre. O’Connor ne détint que très peu de temps ces portefeuilles mineurs et on ne lui offrit pas l’occasion de mettre ses talents en valeur.
La défaite d’O’Connor dans Essex aux élections fédérales de 1874 ainsi que le déclin de sa clientèle juridique contribuèrent à sa décision de quitter Windsor et d’installer son bureau à Ottawa. Élu président de la St Patrick’s Society d’Ottawa cette année-là, il exerça aussi les fonctions de président de l’Ottawa O’Connell Centennial Celebration en 1875. Le vote des Irlandais catholiques prit de nouveau de l’importance aux élections fédérales de 1878, mais O’Connor ne voyait aucune circonscription où il aurait pu se faire élire par ce groupe. Avec l’aide de dirigeants du parti, il remporta l’investiture dans Russell, circonscription électorale sûre de l’est ontarien, et il fut élu encore une fois. Les arguments de 1872 en faveur de sa promotion au cabinet demeuraient toujours valables. On ne confia cependant à O’Connor aucune responsabilité majeure ; il souffrait probablement déjà de la maladie qui allait le frapper d’incapacité dans les années 1880. Au lieu de cela, il détint successivement divers portefeuilles mineurs, ceux de président du Conseil privé, du 17 octobre 1878 au 15 janvier 1880, de maître général des Postes du 16 janvier au 7 novembre 1880 et du 20 mai 1881 au 22 mai 1882, et de secrétaire d’État du 8 novembre 1880 au 19 mai 1881. Souvent absent des réunions du cabinet à cause de sa maladie, il participa rarement aux débats ; il ne lui restait plus qu’à s’occuper des problèmes de sa circonscription et de l’octroi de faveurs politiques. Aussi, consentit-il à accepter un poste de juge en Ontario à la convenance du premier ministre.
En 1880, O’Connor se vit offrir un poste de juge mais il le refusa parce que le territoire à desservir était au Manitoba. Il se rendit compte cependant qu’il aurait de la difficulté à remporter l’investiture conservatrice dans Russell aux élections suivantes et demanda l’aide de Macdonald. En réponse, le premier ministre le congédia du cabinet. O’Connor, qui affirma ne pas s’être attendu à un pareil sort, fut rudement secoué. Toujours dans la gêne, il souhaitait désespérément être nommé à un poste de juge en Ontario pendant que Macdonald se trouvait au pouvoir et il harcela le premier ministre afin d’obtenir un emploi en attendant qu’un poste soit vacant. Son principal argument tenait à ce que sa fonction au sein du cabinet avait ruiné sa pratique du droit et qu’il méritait une compensation. O’Connor exagérait grandement les sacrifices qu’il avait consentis. Comme beaucoup d’hommes politiques du xixe siècle, il était devenu dépendant financièrement d’un emploi du gouvernement, parce que celui-ci était facile à obtenir et paraissait sûr. De plus, les hommes de loi ontariens partageaient la conviction qu’O’Connor n’était pas qualifié pour la fonction de juge. Dès 1878, Matthew Crooks Cameron, juge de la Cour du banc de la reine de l’Ontario, condamnait une telle nomination, et le ministre de la Justice dans le cabinet même de Macdonald, sir Alexander Campbell*, observait, en 1883, qu’O’Connor « était si affaibli par sa maladie, son infirmité et sa vieillesse que sa nomination serait considérée comme peu honorable ».
Macdonald, soutenant qu’il n’avait « jamais laissé tomber un collègue et ne [voulait] pas commencer maintenant », engagea O’Connor le 5 juillet 1882 pour constituer un dossier sur la dispute au sujet de la frontière séparant l’Ontario et le Manitoba. Au mois de mars suivant, le travail étant terminé, O’Connor se retrouvait encore dans le besoin. Campbell tenta de prévenir sa nomination à un poste dans la magistrature en lui offrant une aide financière additionnelle et un siège à la commission de codification des statuts. O’Connor accepta mais continua d’exercer des pressions afin d’obtenir un poste de juge en Ontario. Finalement, Macdonald le nomma juge de la Cour du banc de la reine de l’Ontario, le 11 septembre 1884.
Tel que prévu, cette nomination déplut aux membres de la profession juridique. O’Connor se révéla un juge médiocre et un embarras à la fois pour le gouvernement et la magistrature. Se plaignant d’avoir à « se débrouiller avec un salaire de pauvre », il s’attendait à ce que le gouvernement ajoute quelque chose à son revenu. Après avoir reçu $13 273 pour des travaux d’ordre juridique effectués de 1882 à 1884, il présenta au gouvernement des factures additionnelles s’élevant à $27 085. Macdonald n’ayant pas tenu compte de la requête d’O’Connor, celui-ci poursuivit le gouvernement en justice, et l’affaire se trouvait devant la Cour de l’échiquier du Canada quand il mourut en novembre 1887 ; sa famille n’obtint aucune somme d’argent.
On se souvient du nom d’O’Connor comme de celui du premier juge irlandais catholique de la Cour suprême de l’Ontario. Ce poste lui revint non pas à cause de ses talents professionnels, administratifs ou politiques, mais parce qu’O’Connor semblait susceptible d’assumer le rôle de leader au sein des Irlandais catholiques de l’Ontario, au moment où leurs votes prenaient de l’importance pour les conservateurs.
John O’Connor est l’auteur des Letters of John O’Connor, esq., M.P., on Fenianism [...] (Toronto, 1870).
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Donald Swainson, “O’CONNOR, JOHN,” in Dictionary of Canadian Biography, vol. 11, University of Toronto/Université Laval, 2003–, accessed 16 novembre 2024, https://www.biographi.ca/en/bio/o_connor_john_11E.html.
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Author of Article: | Donald Swainson |
Title of Article: | O’CONNOR, JOHN |
Publication Name: | Dictionary of Canadian Biography, vol. 11 |
Publisher: | University of Toronto/Université Laval |
Year of publication: | 1982 |
Year of revision: | 1982 |
Access Date: | 16 novembre 2024 |