Titre original :  Jehosaphat Mountain (1778), par John Downman (1750–1824)

Provenance : Lien

MOUNTAIN, JEHOSAPHAT, ministre de l’Église d’Angleterre, né le 4 décembre 1745 à Thwaite (Thwaite St Mary), Angleterre, fils de Jacob Mountain et d’Ann Postle ; en 1769, il épousa Mary Leach, et ils eurent six enfants ; décédé le 10 avril 1817 à Montréal.

Jehosaphat Mountain fréquenta la grammar school à Wymondham et à Norwich, dans le Norfolk. En 1777, il entra comme étudiant boursier au Gonville and Caius College, à Cambridge ; il n’y prit toutefois pas ses grades. À Norwich, il fut ordonné au diaconat le 15 mars 1778 et au sacerdoce le 19 septembre 1779. D’abord vicaire dans les paroisses de Quidenham et d’Eccles (Norfolk) en 1778 et 1779, de Peldon, de Cranworth et de Southburgh, de 1779 à 1782, il fut ensuite rector de Peldon jusqu’en 1793. Cette dernière année, son frère Jacob Mountain*, récemment nommé évêque de Québec, le recruta pour servir au Bas-Canada. Jehosaphat accepta avec d’autant plus d’empressement que la perspective de toucher un bon salaire au Bas-Canada l’aiderait à se décharger des dettes qui le tourmentaient. Parti d’Angleterre le 13 août avec Jacob, Jehosaphat, accompagné de sa femme, de trois enfants et d’autres membres de sa famille, arriva à Québec le 1er novembre, malgré les tempêtes, la séparation de son navire du convoi et le harcèlement de vaisseaux français. Il exerça d’abord les fonctions d’adjoint de David-François de Montmollin, rector de Québec, en l’absence de Philip Toosey*, qui séjourna en Angleterre de 1792 à 1794.

Le 24 janvier 1794, Jehosaphat Mountain fut nommé adjoint de Leger-Jean-Baptiste-Noël Veyssière*, rector de Trois-Rivières, mais il accompagna l’évêque dans sa visite pastorale des deux Canadas avant d’assumer ses fonctions en septembre. En fait, Mountain remplaça Veyssière dans sa tâche de rector, et le nombre des communiants passa de 4 à 18 pendant l’année qui suivit son arrivée. Au début de 1795, il fut nommé missionnaire à Trois-Rivières de la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts. Au salaire de £150 qu’il touchait comme ministre, s’ajouta une allocation annuelle de £50, versée par la société. En février 1796, il informait cette dernière que le nombre des protestants à Trois-Rivières n’était que de 123, mais qu’il s’en trouvait quelques autres à Rivière-du-Loup (Louiseville), à Yamachiche, à Maskinongé et à Sainte-Anne-de-la-Pérade (La Pérade). Il n’était pas toujours facile de les rejoindre ; par exemple, les établissements reculés de Maskinongé lui étaient inaccessibles en été, sauf à pied, à travers des bois où l’on étouffait sous la chaleur et les piqûres des insectes. À Trois-Rivières, les services étaient célébrés dans le palais de justice de la ville, dont Mountain avait aménagé une partie en église. Sa congrégation était largement composée de presbytériens, qui se conformaient aux pratiques de l’Eglise d’Angleterre, faute d’un ministre de leur propre dénomination. À l’occasion, il se rendit visiter, à l’extérieur de sa mission, les Abénaquis de Saint-François-de-Sales (Odanak), Batiscan et, une seule fois, Bécancour.

Si la famille Mountain appréciait beaucoup la beauté des campagnes et le climat salubre de Trois-Rivières, elle se sentait socialement isolée au sein d’une communauté presque uniquement catholique et francophone, et elle désirait fortement, au début, retourner en Angleterre. L’espoir de Jehosaphat d’être rapidement muté à Montréal fut anéanti quand, en 1795, l’évêque Mountain apprit que ce bénéfice avait été promis, depuis longtemps, à James Marmaduke Tunstall*. En 1797, Jehosaphat fut engagé comme aumônier des troupes cantonnées à Trois-Rivières et nommé bishop’s official pour le Bas-Canada, poste qui, dans la pratique, faisait de lui le vicaire général de l’évêque, l’autorisant à visiter le clergé, à faire appliquer la discipline et à recevoir les serments, mais non point à ordonner, à confirmer ou à consacrer. La même année, Mountain refusa la succession de Toosey, à Québec, en faveur de son fils Salter Jehosaphat. Il succéda à Veyssière à Trois-Rivières, après la mort de ce dernier, le 26 mai 1800. Quelques mois plus tard, toutefois, il fut assigné à la Christ Church de Montréal, en remplacement de Tunstall. L’année suivante, l’archevêque de Cantorbéry lui conféra le grade de docteur en théologie de Lambeth.

Il y avait seulement deux ans que Mountain assumait ses nouvelles fonctions à Montréal quand, en juin 1803, son église, l’ancienne chapelle des jésuites, fut détruite par le feu. William Berczy remporta le concours architectural lancé en prévision de l’érection d’un nouvel édifice. Le contrat pour la construction de l’église, sur un emplacement concédé par le gouvernement, rue Notre-Dame, fut signé en janvier 1805, et la pierre angulaire posée le 21 juin. Le comité de construction compta parmi ses membres, à différentes époques, Jehosaphat Mountain, Jonathan Abraham Gray, Edward William Gray, James McGill, Isaac Ogden, Joseph Frobisher, David Ross, Stephen Sewell*, Robert Cruickshank et John Platt ; Frederick William Ermatinger* en était le trésorier. À l’automne de 1805, les murs de cet édifice plutôt prétentieux, de style Renaissance – conçu peut-être pour manifester la force de l’Église établie – étaient debout et le toit terminé. Les travaux furent bientôt interrompus, cependant, par manque d’argent. La congrégation comptait des membres riches et bien en vue, mais les coûts plus élevés qu’on l’avait prévu l’amenèrent à faire appel à la générosité de ses amis, ainsi qu’au gouvernement impérial, dont elle sollicita £4 000, en 1808, pour achever la construction. En cette période de guerre avec la France, Westminster voulait restreindre ses dépenses et craignait de s’aliéner les Canadiens en favorisant trop carrément l’Église d’Angleterre. Le gouvernement consentit finalement à verser les £4 000, mais, à la suite d’une maladresse de l’administration, cette subvention ne fut reçue à Montréal qu’en 1812. Un taux de change défavorable, dû aux années de guerre, occasionna une perte de 20 pcent aux commissaires. Ceux qui avaient souscrit à la construction avaient reçu de l’évêque Mountain l’assurance qu’ils auraient un banc dans la nouvelle église ; mais, quand certains d’entre eux, en 1804 et de nouveau en 1814, cherchèrent à obtenir la confirmation du même privilège pour leurs héritiers, il s’ensuivit une vigoureuse correspondance avec l’évêque, qui s’opposa fermement à ces demandes. L’évêque Mountain fut souvent en brouille avec le comité de construction, et Jehosaphat fut appelé à servir de tampon entre les deux parties. De juin 1803 au 9 octobre 1814, jour où Jehosaphat prêcha au cours du premier service célébré dans la nouvelle église, la congrégation fut accueillie dans le milieu austère de l’église Scotch Presbyterian, appelée plus tard l’église St Gabriel Street, dont certains membres étaient propriétaires d’un banc dans la nouvelle Christ Church. L’édifice fut sensiblement modifié avant son achèvement dans les années 1820.

La population protestante de Montréal s’était considérablement accrue depuis l’arrivée de Mountain, et, après 1812, il avait assumé de surcroît les fonctions d’aumônier de la garnison. Il reçut de l’aide en août 1814, avec l’arrivée du révérend George Jenkins, à titre de premier aumônier militaire. En 1815, Jenkins fut nommé prédicateur du soir à la Christ Church ; puis, à l’automne de 1816, comme sa santé déclinait, Mountain engagea un vicaire, le révérend John Leeds.

Jehosaphat Mountain paraît avoir vécu dans un confort relatif à Montréal, où, à l’époque de sa mort, il possédait une maison et un lot vacant dans le faubourg Québec, et une autre maison à Coteau-Saint-Louis. À cela s’ajoutaient six lots, ni habités ni cultivés, soit 1 218 acres, dans le canton de Wendover. À sa mort, le 10 avril 1817, une notice nécrologique parue dans le Montreal Herald exaltait son extraordinaire « générosité et [sa] cordialité », tout en admettant du même souffle ses « petites bizarreries ». Ses funérailles furent les premières qu’on célébra dans la nouvelle Christ Church.

Thomas R. Millman

Jehosaphat Mountain est l’auteur de A sermon preached in the Episcopal Church at Montreal on the 13th September, 1814, on the thanksgiving in consequence of the general peace in Europe (Montréal, 1817).

Église épiscopale du Canada, Diocese of Montreal Arch. (Montréal), file C–11 ; General Synod Arch. (Toronto), Mountain-Roe-Jarvis coll. 1, Mountain A, geneal. docs., no 5 ; Mountain B, corr, nos 1, 4.— Norfolk Record Office (Norfolk, Angl.), T169A (copies à l’Église épiscopale du Canada, General Synod Arch.).— QDA, 58 (B-12), doc. 1, 2, 3 ; 75 (C-4) : 74–76, 94 ; 77 (C-6) : 4s., 26, 30, 51, 54.— USPG, Journal of SPG, 26 : 398 ; 27 : 76–79, 271 ; 28 : 41s., 130.— « An account of Christ’s Church in the city of Montreal, province of Lower Canada », Canadian Magazine and Literary Repository (Montréal), 4 (1825) : 217–224.— Jacob Mountain, « From Quebec to Niagara in 1794 ; diary of Bishop Jacob Mountain », A. R. Kelley, édit., ANQ Rapport, 1959–1960 : 129, 131, 137, 140, 151.— La Gazette de Québec, 15 janv., 24 sept. 1801.— Montreal Herald, 18 déc. 1813, 22 janv. 1814, 15 mars, 12, 19 avril, 17 mai 1817.— Kelley, « Jacob Mountain », ANQ Rapport, 1942–1943 : 196, 206s., 210, 220s., 235, 256, 258.— F. D. Adams, A history of Christ Church Cathedral, Montreal (Montréal, 1941), 40s., 55, 60 (contient un profil de Jehosaphat Mountain par William Berczy vis-à-vis la p.41).— Andre, William Berczy, 60.— R. Campbell, Hist. of Scotch Presbyterian Church, 207–214.— A. E. E. Legge, The Anglican Church in Three Rivers, Quebec, 1768–1956 ([Russell, Ontario], 1956), 37–40.— Millman, Jacob Mountain, 2, 20, 35, 53, 55, 81, 110s., 117, 212s., 237 (contient un dessin de John Downman représentant Jehosaphat Mountain).— A. W. Mountain, A memoir of George Jehoshaphat Mountain, D.D., D.C.L., late bishop of Quebec [...] (Londres et Montréal, 1866), 25s.— T. R. Millman, « Rev. George Jenkins, B.D., 1779–1821 », Montreal Churchman (Montréal), 28 (1940), no 1 : 20, 23.— « Les Mountain au Canada », BRH, 20 (1914) 355–357.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Thomas R. Millman, « MOUNTAIN, JEHOSAPHAT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mountain_jehosaphat_5F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: https://www.biographi.ca/fr/bio/mountain_jehosaphat_5F.html
Auteur de l'article:    Thomas R. Millman
Titre de l'article:    MOUNTAIN, JEHOSAPHAT
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
Date de consultation:    23 nov. 2024