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Titre original :  Portrait of Eugene Marius Coste from Who's Who in Canada, Volumes 6-7, 1914, page 331.

Provenance : Lien

COSTE, EUGENE MARIUS ANTOINE, géologue, fonctionnaire et homme d’affaires, né le 8 juillet 1859 à Amherstburg, Haut-Canada, fils de Napoleon Alexandre Coste et de Mathilde Robidoux ; le 5 octobre 1887, il épousa à Ottawa Louisa Catherine Tims (1855–1938), et ils eurent deux filles et trois garçons, dont deux ne lui survécurent pas ; décédé le 23 janvier 1940 à Toronto.

Né en France, le père d’Eugene Marius Antoine Coste étudia l’ingénierie avant d’émigrer au Haut-Canada, où il s’installa à Amherstburg et épousa la fille d’un cultivateur des environs. Eugene Marius Antoine était le troisième des six enfants du couple. En 1863, la famille partit vivre en Égypte, où Napoleon Alexandre participa à la construction du canal de Suez. On envoya les enfants à Grenoble, en France, pour qu’ils y reçoivent leur éducation. Après avoir obtenu, en 1876, son baccalauréat en science à l’académie de Paris, le jeune Coste fréquenta l’École nationale supérieure des mines de Paris, où on lui remit un diplôme d’ingénieur minier en 1883. La même année, il retourna au Canada, s’installa à Ottawa et commença à travailler comme géologue minier pour la Commission géologique du Canada (CGC), que dirigeait Alfred Richard Cecil Selwyn*. Le 1er juillet 1887, Coste devint ingénieur minier ; grâce à cette promotion, son modeste salaire annuel passa de 1 150 $ à 1 800 $ (la CGC était connue pour offrir de bas salaires). Les relations sociales et politiques de Coste s’enrichirent lorsqu’il épousa Louisa Catherine Tims, dont le père, Thomas Dillon Tims, était inspecteur des finances du dominion du Canada. Un lien supplémentaire se tissa entre les deux familles quand, en 1890, le petit frère d’Eugene Marius Antoine, Denis Alexandre, se maria avec la sœur de Louisa Catherine, Harriet Jane.

En 1889, Coste quitta la CGC et se mit à son compte à titre d’ingénieur minier. Son départ suscita la controverse. L’historien Morris Zaslow note qu’on soupçonna Coste d’avoir utilisé ses relations avec John Graham Haggart*, maître général des Postes dans le cabinet de sir John Alexander Macdonald*, pour obtenir un emploi dans une compagnie alors que Haggart siégeait à son conseil. La possibilité d’un conflit d’intérêts avait forcé le géologue Henry George Vennor* à donner sa démission en 1881 et, après le départ de Coste, on interdit aux représentants de la CGC d’acheter des terres de la couronne, de faire de la recherche dans le secteur privé ou de participer à des activités minières privées qui empiétaient sur leurs fonctions publiques.

Coste s’intéressait particulièrement à la prospection du gaz naturel. Il manifestait ainsi un enthousiasme inhabituel, car on considérait le pétrole, que les entrepreneurs avaient commencé à exploiter dans les années 1850 [V. James Miller Williams*], comme le véritable trésor, et le gaz, quand on en trouvait, était souvent brûlé en pure perte. Coste savait que l’utilisation grandissante du gaz naturel à des fins industrielles, publiques et domestiques accroîtrait fortement sa valeur sur le marché. En 1888, il avait fondé la Provincial Natural Gas and Fuel Company of Ontario Limited et y occupait les postes de directeur et d’ingénieur. Épaulé financièrement par son père, il prospecta et découvrit du gaz dans le comté d’Essex au début de 1889. Son puits fut le premier en Ontario à produire des quantités commerciales. Coste vendit d’abord son gaz à des clients du coin ; dans le futur, il l’expédierait à Windsor, à Detroit et à Toledo, en Ohio. Plus tard dans l’année, avec son frère Denis Alexandre, il trouva du gaz dans le comté de Welland. L’entreprise vendit la production localement, puis, à partir de 1891, l’envoya par gazoduc jusqu’à Buffalo, dans l’État de New York, ce qui constitua la première exportation de gaz naturel canadien. D’autres initiatives suivirent, dont, principalement, le développement à partir de 1906 d’un riche champ gazier près de Tilbury, dans le comté de Kent. Cette année-là, les deux frères mirent sur pied la Volcanic Oil and Gas Company Limited, qui fusionnerait en 1911 avec deux autres entreprises pour former la Union Natural Gas Company of Canada Limited. Sous la direction de Denis Alexandre, la compagnie, connue sous le nom d’Union Gas, s’imposa comme le plus important fournisseur de gaz naturel dans le sud-ouest de l’Ontario.

Le nom Volcanic Oil and Gas reflétait la conviction d’Eugene Marius Antoine, acquise pendant ses études en France, selon laquelle le pétrole (les hydrocarbures liquides pouvant être transformés en huile, en diesel et en d’autres essences) et le gaz naturel (des gaz d’hydrocarbures qui se trouvent naturellement dans le sol) provenaient de la roche ignée et se déplaçaient vers les formations sédimentaires. Il défendrait cette théorie, connue sous le nom de vulcanisme, jusqu’à la fin de sa vie, et ce, même si elle contredisait directement la croyance quasi universelle en l’origine biologique du pétrole et du gaz naturel, largement répandue en Amérique du Nord et en Grande-Bretagne. Des gens dans l’industrie connaissaient les vues peu orthodoxes de Coste. Malgré cela, ce dernier ne passait pas pour un excentrique ; son succès à localiser ces ressources tempérait peut-être les critiques. Il avait manifestement une bonne réputation, car il présida l’Institut canadien des mines de 1903 à 1905.

En février 1906, la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique (CP) engagea Coste pour prospecter ses vastes terres dans l’ouest du Canada afin d’y chercher du pétrole. On lui offrit un salaire, le remboursement de ses dépenses et une prime de 25 000 $ en cas de découverte majeure. Trois ans plus tard, son foreur, Walter Randall Martin, surnommé Frosty, trouva un immense champ gazier à Bow Island, en Alberta, à environ 37 milles à l’ouest de Medicine Hat. Le président du CP, sir Thomas George Shaughnessy*, souhaitait plutôt trouver du pétrole. Coste réussit à le convaincre que le gaz pouvait être profitable si on le transportait par gazoduc vers Lethbridge et Calgary. Il négocia avec la compagnie un accord qui établirait un précédent pour les projets de développement de ressources du CP pour les 40 années à venir. Le CP, qui voulait que Coste assume les risques de l’entreprise, lui donna le droit d’extraire et de vendre le gaz de Bow Island et d’autres propriétés. En échange, le CP conservait le contrôle général de la ressource et recevait un traitement préférentiel, incluant des prix réduits et 200 000 $ d’actions entièrement libérées de la compagnie de Coste, la Prairie Fuel Gas Company, créée par ce dernier en 1909.

Coste acheta deux franchises de distribution de gaz à Calgary, dont l’une disposait d’un droit exclusif d’approvisionner la ville, et réunit des capitaux en Grande-Bretagne pour la Prairie Fuel Gas Company, qui fut reconstituée juridiquement le 19 juillet 1911 sous le nom de Canadian Western Natural Gas, Light, Heat and Power Company. Au milieu de 1912, un gazoduc de 170 milles, un des plus longs en Amérique du Nord, connectait déjà Calgary, Lethbridge et d’autres villes à Bow Island. Du jour au lendemain, Coste devint l’un des personnages les plus en vue de Calgary. Un an plus tard, il se fit construire un luxueux manoir de 28 pièces dans le quartier huppé de Mount Royal.

Au début des années 1920, Coste possédait des intérêts dans d’autres sociétés de gaz naturel en Saskatchewan et en Alberta, mais le déclin des revenus de la Canadian Western Natural Gas, Light, Heat and Power Company plongea l’entreprise dans les dettes. L’association directe de Coste avec la compagnie avait pris fin en janvier 1922, à peu près au moment où il mit sur pied la Eugene Coste and Company, société de consultation géologique à Toronto. Il exploiterait cette entreprise prospère avec son fils Eugene Francis. Coste continua de siéger au conseil d’administration de l’Union Gas jusqu’à la fin des années 1930. Une maladie soudaine l’emporta le 23 janvier 1940 ; il laissait un héritage évalué à 434 364 $.

Eugene Marius Antoine Coste, « père de l’industrie canadienne du gaz naturel », devait son succès à sa bonne éducation, au soutien de sa famille et à son talent naturel. Un de ses foreurs, Albert Parker Phillips, surnommé Tiny, dit de lui :

Il était resté simple. Il venait sur une plate-forme de forage, faisait le tour et voulait tout savoir. Il posait des questions au point d’ennuyer l’équipe. Il était aussi colérique et pouvait entamer une querelle très rapidement. Néanmoins, les travailleurs sur le terrain l’admiraient et le respectaient. S’il venait et devait rester toute la nuit, et qu’aucun lit de camp n’était disponible, il s’enroulait dans une couverture et dormait sur le sol de la tente. C’était un homme bon à fréquenter, puisque tous les projets qu’il touchait rapportaient de l’argent.

Coste eut la clairvoyance et l’initiative de tirer profit de la demande émergente de gaz naturel pour répondre aux besoins d’énergie du Canada. Son rôle dans l’histoire de Calgary demeure tangible de plusieurs manières : une école et un parc à son nom virent le jour, respectivement en 1959 et en 1975, et il entra au Canadian Petroleum Hall of Fame en 2002. Son manoir, la Coste House, était toujours debout au début du xxie siècle.

Donald G. Wetherell

Eugene Marius Antoine Coste a écrit Report on the gold mines of the Lake of the Woods (Montréal, 1884) et contribué à plusieurs autres études de la Commission géologique du Canada entre 1884 et 1888. Parmi ses divers articles et discours publiés, dont la plupart portent sur le volcanisme, figurent : Natural gas in Ontario (Toronto, 1901) ; « Volcanic origin of natural gas and petroleum », Instit. canadien des mines, Journal (Montréal), 6 (1903) : 73–128 ; « Volcanic origin of oil », Franklin Instit., Journal (Philadelphie), 157 (janvier–juin 1904) : 443–454 ; « Presidential address », Instit. canadien des mines, Journal, 7 (1904) : 26–36 ; 8 (1905) : 13–18 ; et Petroleums and coals compared in their nature, mode of occurrence and origin (Montréal, 1909). Une bibliographie des écrits de Coste se trouve dans : J. A. Allan, « Memorial to Eugene Coste », Geological Soc. of America, Proc. (New York), 1941 : 185–189. Les GA conservent une petite collection de documents imprimés et de photographies, dans le Eugene Coste family fonds, ainsi que des photographies numérisées de Coste (NA-1446-24, NA-4547-1, NA-4547-2, PA-3648-1) et de sa résidence à Calgary (NA-1735-1).

Globe and Mail, 24 janv. 1940.— D. H. Breen, « The CPR and western petroleum, 1904–24 », dans The CPR west : the iron road and the making of a nation, H. A. Dempsey, édit. (Vancouver et Toronto, 1984), 229–244.— Aubrey Kerr, « Eugene Coste », Journal of Canadian Petroleum Technology (Montréal, etc.), 33 (1994), no 4 : 11.— Victor Lauriston, Blue flame of service : a history of Union Gas Company and the natural gas industry in southwestern Ontario, Ted Karry, édit. (Chatham, Ontario, 1961).— John Schmidt, Growing up in the oil patch (Toronto, 1989).— Morris Zaslow, Reading the rocks : the story of the Geological Survey of Canada, 1842–1972 (Toronto et Ottawa, 1975).

Bibliographie générale

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Donald G. Wetherell, « COSTE, EUGENE MARIUS ANTOINE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 29 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/coste_eugene_marius_antoine_16F.html.

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Auteur de l'article:    Donald G. Wetherell
Titre de l'article:    COSTE, EUGENE MARIUS ANTOINE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2021
Année de la révision:    2021
Date de consultation:    29 mars 2024