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Titre original :  Rev Fr Eugene C. Chirouse

Provenance : Lien

CHIROUSE, EUGÈNE-CASIMIR (à sa naissance, il reçut le prénom d’Eugène), prêtre, oblat de Marie-Immaculée et missionnaire, né le 15 juin 1854 à Hostun, Bourg-de-Péage, France, fils de Félicien Chirouse, chapelier, et de Pauline Vallon ; décédé le 3 février 1927 à Vancouver.

Après avoir étudié au juniorat des oblats de Marie-Immaculée à Notre-Dame de Lumières, en France, Eugène-Casimir Chirouse entra le 28 juillet 1873 au noviciat oblat de Notre-Dame-de-l’Osier, où il fit profession le 29 juillet 1874. Il prononça ses vœux perpétuels au scolasticat d’Autun le 15 août 1875 et fut ordonné prêtre, au même endroit, le 7 juin 1879. Envoyé en Colombie-Britannique, où son oncle Eugène-Casimir Chirouse était missionnaire oblat, il arriva à New Westminster en octobre 1879 avec un autre oblat, Jean-Marie-Raphaël Le Jeune.

Chirouse passa l’hiver à la mission Saint-Charles de New Westminster avant d’être affecté à la mission Sainte-Marie, où il œuvrerait jusqu’en 1927. Tout en étant en poste à la mission Sainte-Marie, il travailla à l’évangélisation des autochtones des régions éloignées ; trois fois par an, il se rendait dans les campements amérindiens jusqu’à l’inlet de Bute au nord le long de la côte, et jusqu’à Lillooet à l’intérieur. Il participa également aux grands rassemblements religieux organisés par les oblats à l’intention des autochtones. Le plus important pour lui fut peut-être celui qui eut lieu à l’occasion des obsèques de son oncle, à la mission Sainte-Marie en juin 1892, auquel assistèrent 1 200 Amérindiens.

Plus tôt en 1892, Chirouse avait été arrêté à cause d’un incident survenu à LaFontaine (Fountain) qui allait avoir des répercussions non seulement sur lui, mais aussi sur les méthodes employées par les oblats en Colombie-Britannique. Le 18 mars 1892, tandis que Chirouse terminait sa mission à La Fontaine, le conseil de bande de cet endroit lui avait demandé son avis sur la punition à imposer à Lucy Curry et à un jeune homme qui s’étaient livrés à « d’inconvenantes privautés ». Chirouse avait recommandé 15 coups de fouet et laissé au conseil le soin d’exécuter la sentence. Il reprit la route le lendemain, sans savoir que le jour même, soit le 19 mars, Lucy Curry recevrait 15 autres coups de fouet pour avoir récidivé. Accusés de voies de fait le 29 mars, Chirouse, le chef Kilapoutkue et deux autres hommes de la bande de Fountain furent arrêtés. Après l’enquête préliminaire menée par le juge de paix de Lillooet, John Martley, l’affaire fut déférée à un tribunal supérieur. En vertu de l’Acte pour accélérer le procès des personnes accusées de félonies et délits, Chirouse passa le 3 mai 1892 devant le juge d’un tribunal de comté, Clement Francis Cornwall, qui, jugeant l’affaire sans jury, le déclara coupable d’avoir causé des coups et blessures et le condamna à un an de prison. Kilapoutkue et les deux autres Amérindiens furent également déclarés coupables et condamnés à des sentences de six et deux mois respectivement. La population se porta à la défense de Chirouse, et plusieurs éditoriaux et lettres ouvertes parurent dans les journaux de la province. En mai, Mgr Paul Durieu* en appela lui-même au gouverneur général Lord Stanley*, qui annula la sentence des quatre hommes.

Pour les oblats et la plupart des Britanno-Colombiens intéressés, le principal problème tenait au fait que les autochtones recouraient aux sévices corporels, avec l’approbation, l’encouragement même, des oblats. On avait plusieurs fois rappelé pour la défense de Chirouse que les chefs autochtones avaient le droit traditionnel d’imposer des châtiments corporels pour maîtriser les membres de leurs bandes. Dans un avis datant du 10 octobre 1873, le juge en chef Matthew Baillie Begbie* avait reconnu aux chefs autochtones le droit d’appliquer de telles mesures pour maintenir la paix sociale ; les juges de paix ne devaient pas intervenir, sauf en cas de sévérité excessive. Toutefois, en émettant des avis semblables à l’intention de certains oblats, Begbie avait aussi donné l’impression de leur reconnaître le droit d’encourager, comme ils le faisaient, les châtiments corporels. Mais dès 1876, Begbie avait statué que de tels châtiments ne pouvaient être infligés que pour des infractions aux lois, et non pour des péchés. Les historiens contemporains en sont venus à voir dans « la force et la coercition » la base de ce que l’on a appelé le « régime Durieu », méthode de prosélytisme qui visait à la fois la répression du vice et du péché et la formation d’une véritable spiritualité chrétienne dans les communautés autochtones. La condamnation de Chirouse, a-t-on soutenu, annonçait la fin de ce régime en Colombie-Britannique : le recours à la force, par les oblats, ne serait plus cautionné par le gouvernement, ni toléré par la population. L’examen attentif des instructions de Durieu à ses missionnaires porte toutefois à croire que la coercition physique n’était pas le seul moyen prôné par l’évêque pour atteindre ces deux objectifs.

Malgré ses longues années de service et son dévouement comme missionnaire et éducateur en Colombie-Britannique, Eugène-Casimir Chirouse est surtout passé à l’histoire à cause des événements de 1892. Après l’annulation de sa peine, il retourna à la mission Sainte-Marie, où il fut directeur de l’école et, à divers moments, supérieur de la mission. L’école de la mission qui, dans les années 1880, accueillait en moyenne 25 élèves, devint une école professionnelle subventionnée par le gouvernement en 1893, et le nombre moyen d’élèves passa à 62. Se concentrant sur l’enseignement agricole pour les garçons et l’économie domestique pour les filles, elle attirait des élèves de toute la région du canyon du Fraser. Chirouse continua à y travailler jusqu’à son admission, à la mi-janvier 1927, au St Paul’s Hospital de Vancouver, où il mourut trois semaines plus tard d’un cancer de l’estomac. Il fut inhumé au cimetière oblat de Mission.

Lynn Blake

Arch. départementales, Drôme (Valence, France), État civil, Bourg-de-Péage, 16 juin 1854.— Arch. Deschâtelets, oblats de Marie-Immaculée (Ottawa), HE 1791.D96C 17 (copie de lettres au père J.-M.[-J.] Le Jacq, 27 nov. 1883–25 févr. 1884, sur la « Direction des sauvages ») ; P 1-7296 (fonds de la province oblate St Peter, 1850–1890) ; P 1091-1104 (cas de Lucie).— BCA, GR-2951.— Roman Catholic Archdiocese of Vancouver Arch., Early bishops’ correspondence.— Gaston Carrière, Dictionnaire biographique des oblats de Marie-Immaculée au Canada (4 vol., Ottawa, 1976–1989), 1 : 201.— E. McC. Lemert, « The life and death of an Indian state », Human Organization (New York), 13 (1954–1955), no 3 : 23–27.— Month (Londres), juin 1892.— Paul Tennant, Aboriginal peoples and politics : the Indian land question in British Columbia, 1849–1989 (Vancouver, 1990).— Margaret Whitehead, The Cariboo mission : a history of the Oblates (Victoria, 1981).

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Lynn Blake, « CHIROUSE, EUGÈNE-CASIMIR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 29 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/chirouse_eugene_casimir_15F.html.

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Auteur de l'article:    Lynn Blake
Titre de l'article:    CHIROUSE, EUGÈNE-CASIMIR
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
Année de la révision:    2005
Date de consultation:    29 mars 2024